Patrick Saint Paul, correspondant permanent du Figaro en Israël, nous relate -dans un article intitulé « Proche-Orient : la dynamique de paix à l'épreuve des ultras »- les dangers qui guettent le fragile espoir né de la rencontre de Charm El-Cheikh. Et, à le lire dans le texte, sont nombreux les extrémistes des deux camps qui essayent « de torpiller le fragile espoir ».
Ainsi, s’il décrit assez bien la réalité des menaces des « mouvements armés radicaux » ne se sentant nullement liés par l’engagement de Mahmud Abbas de cesser toutes les hostilités, ou encore les tentatives duHezbollah -dénoncées par l’Autorité palestinienne- de tout tenter « pour faire dérailler le processus (…), allant ( offrir ) désormais jusqu'à 100 000 $, aux activistes palestiniens pour commettre des attentats suicide » en Israël, il s’évertue à amalgamer, à ces derniers, les ‘’faucons’’ israéliens qui « menacent de couler » le gouvernement d’Ariel Sharon en refusant de voter le budget 2005 ou, encore, le ministre des affaires étrangères Sylvain Shalom et « sa bombe politique » de sa campagne pour un référendum.
Comme le dit ‘’si bien’’ ce pigiste du Figaro : « (…) si Sharon a réussi à désamorcer l'Intifada palestinienne, il est désormais confronté à une « Intifada » dans son propre camp ». Bigre !
Mais le pis de l’article n’est pas dans tout ce qui précède. Il est dans la diffusion et la comparaison de deux photos sensées démontrer toute la pertinence de ces propos et, surtout, frapper l’inconscience des lecteurs ne désirant pas se plonger dans la prose du correspondant du quotidien, ni réfléchir.
La première photo dévoile trois « activistes palestiniens armés » assis devant un téléviseur diffusant le sommet de Charm El-Cheikh. Photo légendée comme suit : « Les promesses de paix du sommet de Charm el-Cheikh n'ont pas convaincu les brigadistes d'Al-Aqsa, qui pointent ici Ariel Sharon du bout de leurs fusils d'assaut ». Gageons que s’ils avaient l’occasion, ils appuieraient sur la gâchette.
La légende de la deuxième photos révèle, quant elle, que « Plusieurs sympathisants de la droite dure israélienne ont manifesté, hier devant le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem, contre les mesures annoncées à l'issue du sommet de Charm El-Cheikh ».
Légende qui permet d’imaginer une photo de « plusieurs sympathisants de la droite dure » conspuant, par des calicots et des porte-voix, « les mesures annoncées ». Il n’en est absolument rien. La photo dévoile un seul et unique individu, religieux si l’on en croit son chapeau et sa barbe, portant une banderole où est écrit ( en gros caractère ) en anglais et en hébreu une seule requête : ( attention ! c’est violent. ) « DON’T GIVE THEM GUNS AGAIN ». Tout un chacun ‘’comprendra’’, qu’il est demandé à Ariel Sharon de revenir sur sa « mesure annoncée » (sic) de distribuer des armes aux « brigadistes » ci-dessus.
Revendication qui, sans nul doute, ne ferait nullement rougir de honte ( ni de sang ) les manifestants du camp de la paix israélien ( ou autre ), mais -cependant- qui n’a pas empêché ce journaleux, victime du syndrome du « politiquement correct », de la classer comme extrême. Revendication qui honore l’individu qui la porte et qui illustre parfaitement, au grand dam du correspondant, toute la différence d’objectif entre les deux belligérants. L’un rêvant d’éradiquer l’autre.
Allez ! Si l’on était pas de si mauvais esprit, on croirait tout simplement que Patrick Saint Paul ne parle ni l’anglais et encore moins l’hébreu et que, dans ce cas, l’erreur est plausible.
Mais se poserait, alors, la question de sa compréhension de la réalité politique du conflit et, donc, la nécessité de son remplacement.
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