(Article publié dans le bi-mensuel israélien l'Enjeu du 23 décembre 2005)
Introduction page de une
Soumis au dictat idéologique de la Ligue arabe, l’Europe a récemment émis un rapport sur Jérusalem, prétendant régler de façon définitive le statut de la capitale d’Israël. L’Europe outrepasse ses droits et s’immisce de façon partisane dans un conflit que seuls Juifs et Arabes doivent régler – ou ne pas régler, tout dépend en fait de la bonne volonté de ces seconds. L’Enjeu analyse le contenu de ce rapport et démontre sa partialité.
Article
Un rapport sur la politique israélienne concernant la capitale d’Israël existe, mais ne sera pas officiellement publié. Des fuites organisées ont permis au gouvernement israélien d’avoir accès à ce rapport, mais Israël ne peut y répondre explicitement. L’Enjeu a voulu réfléchir à cette attitude inamicale de la part de l’Union européenne qui réclame à cors et à cris un rôle dans le règlement du conflit proche-oriental. Faut-il y souscrire?
Un état d’esprit qui définit la nature des relations
Il est inutile de rappeler ici les relations tumultueuses de ces dernières années entre l’Europe et Israël. Des subventions attribuées à l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat – détournées de l’objectif premier sans qu’aucun rapport européen sérieux ne s’en alarme – aux condamnations d’Israël dans les différentes instances internationales, l’Europe n’a nullement ménagé ses efforts pour complaire au monde musulman afin de remplir un seul objectif : protéger ses intérêts politiques, commerciaux et financiers. A un point tel, qu’Ariel Sharon fut obligé, un moment, de rappeler qu’Israël ne sera jamais une Tchéquie, contrainte de céder sur ses intérêts vitaux pour calmer les exigences d’un monde arabo-musulman persuadé d’avoir fait courber l’échine israélienne. Ce qui fut un électrochoc salutaire, et ramena, quelque peu, l’Europe à la raison.
Entendement ne signifiant nullement, pour autant, un blanc-seing aux droits du peuple israélien à dessiner une frontière sûre et reconnue comme l’impose la résolution 242 du Conseil de Sécurité, modifiant en cela le tracé de la ligne d’armistice de 1949, appelée aussi Ligne verte. Ni, non plus, un consentement à l’universalité de Jérusalem sous une juridiction permettant, définitivement, une libre pratique religieuse de toutes les différentes communautés peuplant la ville sainte. Ce que permet, sans conteste, la démocratie israélienne. Pour les instances européennes, il semble donc que les frontières et la capitale de la ‘Palestine’ en devenir soit connues précisément. Et cela, sans qu’Israël n’ait aucun droit d’objecter à ces dispositions. Voire, l’obligation d’accueillir un certain nombre de ‘réfugiés’ dans un souci humanitaire ou pour satisfaire à la paix de la région. C’est, donc, dans cet esprit, que l’Union européenne a produit un rapport très critique sur la politique israélienne dans le quartier Est de Jérusalem. Rapport rédigé par des diplomates à Jérusalem-est et Ramallah observant les actes de l’administration israélienne à l’aune des desiderata de la pression internationale en vue du règlement final du conflit. Cela, sans pour autant considérer la légalité israélienne des décisions prises, ni les revendications de l’état d’Israël s’appuyant, entre autre, sur le vœu bimillénaire des Juifs de diaspora de retourner, l’an prochain, en la citadelle du roi David, ville sanctifiée et berceau du Temple saint.
Un rapport cousu de fils blancs
C’est ainsi, que le document fait état d’une véritable désapprobation à faire pâlir de jalousie le pire des Etats renégats. Réquisitoire, cependant, non publié officiellement (dans l’intérêt bien compris des Européens à rester en bons termes avec le gouvernement Sharon) mais adroitement communiqué aux véritables destinataires que sont l’Autorité palestinienne, les groupes terroristes et tous ceux qu’Israël peut compter comme adversaires dans le projet d’unification de Jérusalem. L’art européen de commercer avec le monde musulman, sans se mettre pour autant à dos l’Etat hébreu, frileux à toute participation de l’Europe dans le processus de paix en marche.
Condamnations et accusations, parmi d’autres, enregistrant l’«expropriation de terres dans et autour de Jérusalem-est, à la faveur de la construction de colonies et de la barrière de séparation (…) entre Israël et la Cisjordanie». Ou bien encore, que «les activités d’Israël à Jérusalem sont en violation à la fois de ses engagements pris dans la Feuille de route et de la loi internationale». Que «cette annexion de facto de terres palestiniennes sera irréversible sans une évacuation forcée à grande échelle de colons et un nouveau tracé de la barrière». Et qu’«une fois la construction de la barrière achevée, Israël contrôlera les accès de Jérusalem-est, coupant la ville de Bethléem et Ramallah, et de la Cisjordanie au-delà». Actes qui auront «(…) des répercussions économiques, humanitaires et sociales sérieuses pour les Palestiniens. En appliquant des politiques strictes concernant les cartes de résidence et d'identité, Israël sera en fin de compte en mesure de compléter l'isolement de Jérusalem-Est». Ouf !
Outre ces critiques, ce document ‘confidentiel’ recommande, par exemple, de rouvrir l’Orient House, la Maison d’Orient qui abritait les bureaux de l’OLP à Jérusalem, et qui fut fermé sur ordre du gouvernement après l'attentat sanglant perpétré en août 2001 dans le restaurant Sbarro et qui fit 15 morts, dont cinq d’une seule et même famille. Les parents et trois de leurs enfants.
Condamnations et recommandations qui autorisent finalement le rapport à conclure que la politique israélienne «réduit les perspectives d'aboutir à un accord sur le statut final de Jérusalem qui soit acceptable par les Palestiniens», et qui «radicalisent une population palestinienne de Jérusalem qui était jusqu'à présent relativement paisible». Population arabe vivant, cependant, dans une ville réunifiée par une loi votée à la Knesset en 1981 et refusant, par l’expression de différents sondages, de ne plus être rattachée aux bienfaits de la société israélienne.
Marc Otte, le représentant spécial de l'UE pour le processus de paix au Proche-Orient, a tenu, néanmoins, à minimiser la portée du document : «Il n'a rien d'exceptionnel. Ce n'est pas comme si les ministres des Affaires étrangères avaient passé toute la nuit à plancher sur un rapport sur Jérusalem-Est. Ils ont déjà des tas de rapports ». Mais pourquoi donc la rédaction de ce brûlot diplomatique, alors que les faits et gestes de la politique israélienne sur la capitale réunifiée sont connues et annoncées publiquement? Quel est donc le crédit que l’on peut accorder à un tel document si, au final, il n’est pas publié ouvertement mais sous le manteau, empêchant, ainsi, Israël d’y répondre officiellement pour ainsi corriger les abus que l’on peut trouver, ordinairement, dans de tel dossier? A ces questions troublantes, l’Union européenne n’a pas prévu de rapport enquêtant sur l’objectif recherché. Tout le monde l’aura compris. Il s’agit de continuer le commerce avec le monde musulman. Et même si, pour cela, Israël doit en payer le prix.
Introduction page de une
Soumis au dictat idéologique de la Ligue arabe, l’Europe a récemment émis un rapport sur Jérusalem, prétendant régler de façon définitive le statut de la capitale d’Israël. L’Europe outrepasse ses droits et s’immisce de façon partisane dans un conflit que seuls Juifs et Arabes doivent régler – ou ne pas régler, tout dépend en fait de la bonne volonté de ces seconds. L’Enjeu analyse le contenu de ce rapport et démontre sa partialité.
Article
Un rapport sur la politique israélienne concernant la capitale d’Israël existe, mais ne sera pas officiellement publié. Des fuites organisées ont permis au gouvernement israélien d’avoir accès à ce rapport, mais Israël ne peut y répondre explicitement. L’Enjeu a voulu réfléchir à cette attitude inamicale de la part de l’Union européenne qui réclame à cors et à cris un rôle dans le règlement du conflit proche-oriental. Faut-il y souscrire?
Un état d’esprit qui définit la nature des relations
Il est inutile de rappeler ici les relations tumultueuses de ces dernières années entre l’Europe et Israël. Des subventions attribuées à l’Autorité palestinienne de Yasser Arafat – détournées de l’objectif premier sans qu’aucun rapport européen sérieux ne s’en alarme – aux condamnations d’Israël dans les différentes instances internationales, l’Europe n’a nullement ménagé ses efforts pour complaire au monde musulman afin de remplir un seul objectif : protéger ses intérêts politiques, commerciaux et financiers. A un point tel, qu’Ariel Sharon fut obligé, un moment, de rappeler qu’Israël ne sera jamais une Tchéquie, contrainte de céder sur ses intérêts vitaux pour calmer les exigences d’un monde arabo-musulman persuadé d’avoir fait courber l’échine israélienne. Ce qui fut un électrochoc salutaire, et ramena, quelque peu, l’Europe à la raison.
Entendement ne signifiant nullement, pour autant, un blanc-seing aux droits du peuple israélien à dessiner une frontière sûre et reconnue comme l’impose la résolution 242 du Conseil de Sécurité, modifiant en cela le tracé de la ligne d’armistice de 1949, appelée aussi Ligne verte. Ni, non plus, un consentement à l’universalité de Jérusalem sous une juridiction permettant, définitivement, une libre pratique religieuse de toutes les différentes communautés peuplant la ville sainte. Ce que permet, sans conteste, la démocratie israélienne. Pour les instances européennes, il semble donc que les frontières et la capitale de la ‘Palestine’ en devenir soit connues précisément. Et cela, sans qu’Israël n’ait aucun droit d’objecter à ces dispositions. Voire, l’obligation d’accueillir un certain nombre de ‘réfugiés’ dans un souci humanitaire ou pour satisfaire à la paix de la région. C’est, donc, dans cet esprit, que l’Union européenne a produit un rapport très critique sur la politique israélienne dans le quartier Est de Jérusalem. Rapport rédigé par des diplomates à Jérusalem-est et Ramallah observant les actes de l’administration israélienne à l’aune des desiderata de la pression internationale en vue du règlement final du conflit. Cela, sans pour autant considérer la légalité israélienne des décisions prises, ni les revendications de l’état d’Israël s’appuyant, entre autre, sur le vœu bimillénaire des Juifs de diaspora de retourner, l’an prochain, en la citadelle du roi David, ville sanctifiée et berceau du Temple saint.
Un rapport cousu de fils blancs
C’est ainsi, que le document fait état d’une véritable désapprobation à faire pâlir de jalousie le pire des Etats renégats. Réquisitoire, cependant, non publié officiellement (dans l’intérêt bien compris des Européens à rester en bons termes avec le gouvernement Sharon) mais adroitement communiqué aux véritables destinataires que sont l’Autorité palestinienne, les groupes terroristes et tous ceux qu’Israël peut compter comme adversaires dans le projet d’unification de Jérusalem. L’art européen de commercer avec le monde musulman, sans se mettre pour autant à dos l’Etat hébreu, frileux à toute participation de l’Europe dans le processus de paix en marche.
Condamnations et accusations, parmi d’autres, enregistrant l’«expropriation de terres dans et autour de Jérusalem-est, à la faveur de la construction de colonies et de la barrière de séparation (…) entre Israël et la Cisjordanie». Ou bien encore, que «les activités d’Israël à Jérusalem sont en violation à la fois de ses engagements pris dans la Feuille de route et de la loi internationale». Que «cette annexion de facto de terres palestiniennes sera irréversible sans une évacuation forcée à grande échelle de colons et un nouveau tracé de la barrière». Et qu’«une fois la construction de la barrière achevée, Israël contrôlera les accès de Jérusalem-est, coupant la ville de Bethléem et Ramallah, et de la Cisjordanie au-delà». Actes qui auront «(…) des répercussions économiques, humanitaires et sociales sérieuses pour les Palestiniens. En appliquant des politiques strictes concernant les cartes de résidence et d'identité, Israël sera en fin de compte en mesure de compléter l'isolement de Jérusalem-Est». Ouf !
Outre ces critiques, ce document ‘confidentiel’ recommande, par exemple, de rouvrir l’Orient House, la Maison d’Orient qui abritait les bureaux de l’OLP à Jérusalem, et qui fut fermé sur ordre du gouvernement après l'attentat sanglant perpétré en août 2001 dans le restaurant Sbarro et qui fit 15 morts, dont cinq d’une seule et même famille. Les parents et trois de leurs enfants.
Condamnations et recommandations qui autorisent finalement le rapport à conclure que la politique israélienne «réduit les perspectives d'aboutir à un accord sur le statut final de Jérusalem qui soit acceptable par les Palestiniens», et qui «radicalisent une population palestinienne de Jérusalem qui était jusqu'à présent relativement paisible». Population arabe vivant, cependant, dans une ville réunifiée par une loi votée à la Knesset en 1981 et refusant, par l’expression de différents sondages, de ne plus être rattachée aux bienfaits de la société israélienne.
Marc Otte, le représentant spécial de l'UE pour le processus de paix au Proche-Orient, a tenu, néanmoins, à minimiser la portée du document : «Il n'a rien d'exceptionnel. Ce n'est pas comme si les ministres des Affaires étrangères avaient passé toute la nuit à plancher sur un rapport sur Jérusalem-Est. Ils ont déjà des tas de rapports ». Mais pourquoi donc la rédaction de ce brûlot diplomatique, alors que les faits et gestes de la politique israélienne sur la capitale réunifiée sont connues et annoncées publiquement? Quel est donc le crédit que l’on peut accorder à un tel document si, au final, il n’est pas publié ouvertement mais sous le manteau, empêchant, ainsi, Israël d’y répondre officiellement pour ainsi corriger les abus que l’on peut trouver, ordinairement, dans de tel dossier? A ces questions troublantes, l’Union européenne n’a pas prévu de rapport enquêtant sur l’objectif recherché. Tout le monde l’aura compris. Il s’agit de continuer le commerce avec le monde musulman. Et même si, pour cela, Israël doit en payer le prix.