Gilles Paris a rédigé, il
y a peu de temps, un article intitulé « Israël-Palestine
: l'option des deux Etats a vécu » dans lequel il écrit que tout espoir de paix est, à son avis, devenu
impossible : « Après deux décennies de rendez-vous ratés, qui peut
croire encore que la solution devenue téléologique des deux Etats, la création
d'une Palestine viable aux côtés d'Israël, constitue toujours un
aboutissement raisonnable auquel on parviendra après avoir surmonté quelques
contrariétés ? ».
Ce qui lui permet de conclure que « Le
renoncement à la formule des deux Etats a beau rester un tabou international,
c'est pourtant une autre réalité qui se structure et qui s'enracine, promesse
d'aggiornamento douloureux ».
A savoir, « un Etat unique (qui)
constituerait la négation brutale de deux nationalismes ».
Charles Enderlin, dans un
billet sur son blog intitulé « Cacher
la réalité », est plus
explicite quant à la responsabilité de l’Etat d’Israël dans cette
situation : « le refus de Benjamin Netanyahu de geler totalement la
colonisation et accepter la ligne de cessez le feu de 1967 comme base de la
négociation » mais aussi « la victoire du fondamentalisme
messianique telle que je la décris dans mon livre " Au nom du Temple.
Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif. 1967-2013." ».
Il en conclut donc « La
perspective d’une solution à deux états, une Palestine indépendante, avec
Jérusalem Est pour capitale, aux côtés d’Israël, paraît effectivement impossible ».
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Si deux ‘’journalistes professionnels’’,
mais pas seulement, le disent, c’est donc que cela doit être vrai !? A
savoir, la solution de deux états pour deux peuples a vécu.
Mais a-t-elle déjà vécu ?
Jusqu’à l’an 1948, il était impensable
pour le monde arabo-musulman de voir se créer un état pour le peuple juif sur
la moindre parcelle de la terre sainte.
En 1948, le nouvel Etat d’Israël,
à peine créé, fut attaqué de toutes parts.
En 1967, suite à la guerre des
six jours, la réponse du monde arabe fut trois non : « pas de paix
avec Israël, pas de reconnaissance d'Israël, pas de négociation avec Israël ».
De 1948 à l’année 1993, l’Ouma
n’avait d’autre objectif public que l’éradication, par la guerre, du seul état
du peuple juif de la planète.
En 1993, suite aux Accords d’Oslo,
la stratégie du monde arabe changea. Il admit la solution de deux états. Si
pour l’un des belligérants il était sous-entendu pour deux peuples, pour
l’autre il ne s’agissait que de remplacer le fusil par le ‘’juste droit au
retour’’ de centaines de milliers de « réfugiés » au sein même
d’Israël et non pas dans le nouvel état créé pour cela. La démographie
galopante devant faire le reste pour atteindre le même objectif !
De 1993 à nos jours, nul ne peut
citer le nom d’un seul dirigeant de la communauté musulmane reconnaissant,
admettant l’Etat d’Israël comme étant l’état du peuple juif !
Encore aujourd’hui, si les « Arabes
(sont) prêts à assouplir leur offre de paix au Proche-Orient » en acceptant un échange
limité et comparable de territoires, ils exigent toujours une ‘’solution juste’’
pour les « réfugiés palestiniens ».
Cette petite historiographie irréfutable
démontre que la solution de deux états pour deux peuples n’a, en fait, jamais
vécu dans le monde arabe ! Il est donc étrange de lire des ‘’journalistes
professionnels’’ du conflit assurer le contraire, voire affirmer la menace que
représenterait la disparition de cette solution !? Pire, il est inquiétant
de voir des médias nationaux (Le Monde et France 2), connus à l’international,
diffuser de telles âneries !
Si l’on suit la ‘’réflexion’’ de
ces deux ‘’professionnels’’, puisque « l’option de deux états a vécu »
il ne resterait plus que la solution d’un état binational, et « cacher la
réalité » revient à temporiser pour éviter une catastrophe.
Laquelle ?