vendredi 20 février 2004

Edgar et Théo pigiste au Monde

Suite à la lecture d’un écrit, on reste parfois pantois face à toutes les contorsions cérébrales utilisées -par certains intellectuels- aux seules fins d’atteindre les objectifs poursuivis. Dans ce sport, on ne présente plus Edgar Morin ni Théo Klein.

Dans un point de vue publié par Le Monde, le sociologue Edgar Morin tente de persuader le lecteur que l’anti-judaïsme en France n’est autre QUE de l’anti-israélisme dû à « une critique politique (…) de l'attitude du pouvoir israélien face aux Palestiniens et face aux résolutions de l'ONU qui demandent le retour d'Israël aux frontières de 1967 ».

En conséquence, la critique politique de « la répression israélienne et (…du) déni israélien des droits palestiniens » (sic), supportés par la très grande majorité des juifs de la diaspora solidaires d’Israël, expliquerait le glissement de cet anti-israélisme vers un anti-judaïsme MUSULMAN reprenant les thèmes éculés du ‘’complot juif’’, de la ‘’race ignoble’’ et criminalisant les Juifs dans leur ensemble, et non pas « d’un pseudo-réveil de l'antisémitisme européen » que « les autorités israéliennes, les institutions communautaires et certains intellectuels juifs préfèrent y voir (…) ».

Car, selon Morin, le vieil anti-judaïsme européen s’est affaibli par « la découverte de l’horreur du génocide nazi (…) de la déconsidération du vieil antisémitisme nationaliste-raciste (…) [ et du] dépérissement de l'anti-judaïsme chrétien qui faisait du juif un déicide ».

Voilà donc décrit le portrait type du nouvel antisémite, innocentant -de facto- tout autre collaborateur (de confession différente) de cette peste. (Ne serait-ce pas du racisme anti-musulman ?).

C’est donc dans cette logique, que les critiques anti-israéliennes des Morin et consorts peuvent apparaître comme des ‘’analyses fiables et non partisanes’’, toujours culpabilisant Israël et les Juifs solidaires -qui se voient ainsi « dégradés dans l'image d'eux-mêmes comme dans l'image d'Israël qu'ils ont incorporée à leur identité »- et expliquant que « (…) leur conscience historique de persécutés repousse avec indignation l'image répressive de Tsahal que donne la télévision ».

Ainsi, l'assertion du retour d’un antisémitisme européen par les institutions, intellectuels et diaspora juifs ne servirait qu’à « occulter la répression israélienne, à israéliser davantage les juifs, et à fournir à Israël la justification absolue. L'imputation d'antisémitisme, dans ces cas, n'a pas d'autre sens que de protéger Tsahal et Israël de toute critique ».

Edgar, ainsi innocenté de tous procès en sorcellerie, du fait du cheminement de son raisonnement, en arrive à l’essentiel : La CRITIQUE anti-israélienne, à ne pas confondre -SVP- avec de l’ANTISEMITISME.

« Il est clair que les Palestiniens sont les humiliés et offensés d'aujourd'hui, et nulle raison idéologique ne saurait nous détourner de la compassion à leur égard ». Cela est clair et net. Et du fait de cet anti-judaïsme arabo-musulman qui tue du « juif indistinctement, hommes, femmes, enfants, fait de tout juif du gibier à abattre, un rat à détruire (…) attaque des synagogues, souille des tombes (…) considère le juif comme immonde » un nouveau « malheur juif » se prépare, qui somme toute, nous sous-entend il, sera bien mérité.

Que faire alors ? Une seule solution : « C'est bien une intervention au niveau international, comportant sans doute une force d'interposition entre les deux parties, qui serait la seule solution réelle ». Ainsi, après toutes ces contorsions intellectuelles, voici l’objectif poursuivi par ce sociologue.

Objectif tout autant recherché par Yasser Arafat depuis le déclenchement de la ‘’Guerre d’Oslo’’ et qui lui permettrait d’obtenir un territoire à l’abri de toutes représailles israéliennes sans pour autant se sentir dans l’obligation d’abandonner toutes ambitions de reconquêtes de la Palestine du Jourdain à la mer.

Concordance donc, qui interpelle quant aux ‘’critiques anti-israéliennes’’ de M. Morin. S’il il n’y prend garde, les Juifs solidaires d’Israël se verraient dans l’obligation de le convertir à cet ‘’islam’’ qu’il condamne. Et de ‘’critiques anti-israéliennes’’, on ne parlerait plus, alors, que d’ANTISEMITISME européen.

Dans un autre point de vue, publié dans le même journal, à la même date, Le Président israélien est interpellé par ‘’MAÎTRE’’ Théo Klein. Ce dernier, faute de recevoir des réponses à ses nombreuses lettres ouvertes adressées au Premier Ministre Ariel Sharon, s’est tourné vers Moshé Katsav afin de lui rappeler son intention de proposer, deux années plus tôt, devant le Parlement palestinien une « parole d’apaisement (…) une houdna, cette sorte de trêve qui doit être annoncée pour pouvoir ensuite se réaliser » et qu’il n’a pas porter.

Houdna qui, il en est persuadé, « aurait arrêté l'Intifada, changé non pas les données du litige, mais son fondement moral ; ce geste était celui que le monde attend, que les peuples attendent, qu'ils espèrent d'Israël mais, hélas, ils en désespèrent encore ».

Voici donc, semble t-il, un autre argument apporté au moulin d’Edgar. Semble t-il seulement. Car, par un effort de rétrospection, il était loisible à cet individu -dépourvu de probité morale- de rappeler aux lecteurs de sa prose la désillusion des Israéliens à cette époque suite à l’arraisonnement du bateau « Karine A » rempli d’armes en provenance d’Iran. Armes non destinées, on s’en doute, à une exposition dans un quelconque musée de Ramallah. Les lecteurs de sa diatribe comprendraient de ce fait pourquoi Israël ne peut donc proposer une trêve à sens unique.

Après ces deux lectures de textes dénués de toutes réflexions sérieuses, il serait peut-être temps de proposer, à notre tour, une houdna éternelle au quotidien Le Monde. Qu’il cesse de publier des points de vues grotesques, et nous ferons alors l’effort de lire les autres rubriques.

Météo et Faits divers.

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