vendredi 21 octobre 2005

Arafat, le poison éternel du Juif

(Article paru dans le bi-mensuel francophone et israélien du 21 octobre 2005 : L’ENJEU )

En matière de propagande anti-israélienne et antisémite, l’Autorité palestinienne, créée dans la foulée des accords d'Oslo, n’a pas dérogé aux règles établies depuis de très longues décennies par les gouvernements arabo-musulmans : la haine du Juif, de ‘l’entité sioniste’, de la culture israélienne et du Judaïsme a été érigée en système politique et a sans cesse rythmé les discours officieux des dirigeants palestiniens. Fidèle à ces principes, et cherchant une fois de plus à nuire à l’honneur d’Israël, l’AP vient de créer une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur la mort d’Arafat.

Le Conseil législatif palestinien – nonobstant la frayeur que ses députés ont endurée en apercevant des policiers envahir leur lieu de débats et faisant usage de leurs armes afin d’obtenir au plus vite la réalisation de leurs exigences professionnelles – a constitué une commission d’enquête sur la mort de leur Raïs, Yasser Arafat, cherchant ainsi à détourner l’attention de leur peuple de la misère qui le gangrène et de la corruption qui ronge la classe dirigeante. Une fois encore Israël a été accusé, une fois encore Israël doit faire face à la pire des diffamations, l’empoisonnement.

Alors qu’elle est dans l’impossibilité d’accéder officiellement au dossier médical, que seuls les proches parents peuvent consulter, cette commission parlementaire s’est fixé pour objectif d’établir la vérité sur les possibilités réelles d’empoisonnement de leur chef mythique. Mais le bruit qui a été fait autour de la création de cette commission est surtout destiné à accréditer au sein de la population la thèse de la culpabilité israélienne. A l’époque de la mort du chef de l’OLP, les autorités médicales françaises avaient délivré un permis d’inhumer le cadavre, sans saisir auparavant la justice française comme la loi du pays les y oblige dans le cas de soupçons de meurtre. Cependant, la commission parlementaire palestinienne a été nommée malgré le fait que la veuve d’Arafat, Souha, refuse toute autopsie et que la première commission instituée par le cabinet palestinien, il y a plusieurs mois, n’a toujours pas rendu son rapport. Ce qui, évidemment, n’embarrasse nullement les représentants politiques les plus en vu du clan arafatien pour désigner Israël comme ‘empoisonneur’ de leur chef.

Sur quoi repose l’accusation ?

Leila Shahid, alors représentante de l’Autorité palestinienne en France, affirmait que la thèse de l’empoisonnement « …n’est pas seulement une rumeur. C’est une conviction profonde très logique » car « …les Israéliens ont essayé de se débarrasser de Yasser Arafat, depuis l’arrivée de Sharon au pouvoir (…) Je ne peux pas vous dire que, médicalement, nous en ayons les preuves » mais « les médecins n’ont pas démenti… » (sic). Autre affirmation ! Le neveu du Raïs, Nasser al-Kidwa, à l’époque représentant permanent de l’Autorité palestinienne auprès de l’ONU, ajouta son accusation sans appel à celle de Shahid en affirmant que la possibilité que le défunt ait été empoisonné était « notre plus grand soupçon. Si sa mort était normale, il aurait été possible d'établir un diagnostic, (…) mais la condition de Yasser Arafat était si compliquée qu'aucun diagnostic n'était possible » (re sic).

Transféré du poste de représentant auprès de l’ONU au poste de responsable des Affaires étrangères de l’AP, Nasser al-Kidwa récidive récemment dans une interview à un journal Koweïtien en réclamant, cette fois-ci, une enquête sur la probable implication du Premier ministre israélien Ariel Sharon dans la décision de cet ‘assassinat politique’. Accusation qui entretiendra, voire ravivera, au sein de la population palestinienne la haine des Israéliens, et en conséquence des Juifs, faisant ainsi le jeu du Hamas qui attend des jours meilleurs pour l’instauration d’un Etat islamique du Jourdain à la mer méditerranée. Fidèle parmi les fidèles du clan arafatien, il est donc fort concevable de douter de la volonté du responsable des Affaires étrangères de l’AP de collaborer à l’effort de cohésion nationale et de développement économique, aussi minime soit-il, de son président Mahmoud Abbas. Les personnages les plus hauts placés dans la hiérarchie de l’Autorité palestinienne n’hésitent pas à accuser, sans preuves sérieuses, le peuple israélien, comme l’ont fait bien avant eux tant de nations cherchant des excuses à leurs exactions qui allaient du simple vol jusqu’aux meurtres et se transformaient, au fil de leur barbarie, en pogroms et génocides. Attitude largement partagée par d’autres procureurs permanents du peuple juif. L’icône du peuple palestinien est devenue également l’icône du combat anti-israélien, quel que soit le gouvernement en place.

Ouri Avinéri, de l’association israélienne Goush Shalom, affirme dans un article intitulé ‘Qui a tué Arafat’ publié le mois dernier : « Dès le premier moment, j’étais sûr qu’Arafat avait été empoisonné. » Affirmation péremptoire, corroborée dans son texte par une analyse succincte des intérêts ponctuels des Israéliens, voire de ceux des américains. De surcroît, il tente de crédibiliser sa position par le fait qu’il se proposa volontairement par deux fois comme ‘bouclier humain’ pour défendre la vie d’Arafat (sans préciser pour autant les circonstances exactes des événements). Ce même Arafat qui n’hésitait pas à donner son aval aux exécutions sommaires de prétendus ‘collaborateurs’ d’Israël, ordonnées dans des simulacres de procès, ou à encourager (en arabe seulement) les crimes contre l’humanité contre le peuple juif. Comme on le constate, Israël et le peuple juif n’ont que l’embarras du choix du tribunal. Mais qu’en est-il du fond du dossier ? Y a t-il réellement l’ombre d’un début d’une hypothèse ?

Le fantasme du Juif empoisonneur

Deux journalistes du quotidien israélien Haaretz, Avi Isasharof et Amos Harel, ont eu accès, par des voies détournées, au dossier médical. Selon Associated Press, les médecins qui ont établi ce dossier médical précisent : « Le dirigeant palestinien a succombé à une ‘hémorragie cérébrale massive’ après avoir souffert d'inflammation intestinale, d'une jaunisse et d'un problème sanguin [une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)], sans donner, pour autant, la cause précise de cet état qui peut avoir plusieurs origines, comme une colite, une maladie du foie ou une déficience immunitaire dont les symptômes sont semblables au VIH ». Ces indices autorisent, au vu de l’âge du défunt, la supposition de maladies naturelles entraînant le décès, comme par exemple la cirrhose du foie qui, dans le contexte musulman, est mal perçue. D’où l’intérêt politique de l’accusation de meurtre par empoisonnement. Avantage propagandiste qui permet d’auréoler la ‘victime’ et de noircir l’éternel ‘coupable’ désigné à la vindicte de la foule planétaire par la grâce de la participation (volontaire ou non) des principaux médias dans le monde.

Ce fantasme du Juif empoisonneur est devenu au fil du temps un véritable mythe antisémite. Pour s'en persuader, il suffit de revenir sur la très longue liste des charges portées contre ces derniers dès le début du Moyen Age. Souillure des hosties à l'époque de l'Inquisition; fable du Juif errant traînant derrière lui épidémies et calamités; puits empoisonnés pendant la Grande Peste noire au 14ème siècle; ‘Protocole des sages de Sion’, texte controuvé de 1900 dont le 10ème chapitre attribue la volonté aux Juifs de répandre des épidémies sur le monde; ‘infection juive’ à Paris en 1920; typhus du ghetto de Varsovie en 1940; ‘complot des docteurs juifs’ de Staline en 1956 ou ‘scandale du chewing-gum empoisonné’ par le Mossad en Egypte en 2002. Nul ne peut donc nier que l’amalgame ‘Juif-poison’ a été, et reste encore, un catalyseur puissant de la haine antisémite. On est donc en droit tout naturellement de s’interroger sur cette dernière controverse qui permet aux adeptes de cette nouvelle ‘conspiration juive’ de retrouver leur force et une certaine cohésion identitaire face à un ennemi invisible : les services secrets israéliens chapeautés, du fait de son poste de Premier Ministre, par Ariel Sharon, surnommé par les mêmes thuriféraires du Raïs défunt le ‘boucher de Sabra et Chatila’, bouc émissaire ‘privilégié’ de tout ce petit monde. Tout cela démontre que les préoccupations des dirigeants de l’Autorité palestinienne sont encore très éloignées des valeurs véhiculées par la démocratie et cette triste constatation préfigure un bien sombre futur pour la région.

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