vendredi 6 mai 2005

Constitution à rejeter.

Refuser le « Traité établissant une constitution pour l’Europe » le 29 mai prochain équivaudrait, selon ses partisans, à une « véritable catastrophe » pour les 25 états membres. Ce qui sous-entend, a contrario, que l’adoption de ce traité devrait être une véritable avancée en des domaines jusque là réservés aux seuls gouvernements des différentes nations.

Mais est-ce vraiment le cas ?

L’électeur quidam, peut désireux de lire et/ou à même de comprendre les termes alambiqués des 190 pages du texte, se doit donc de croire sur parole ceux qui nous affirment, mordicus, que la construction de l’Europe passe seulement par le OUI à cette constitution.

Ainsi, le persuade t-on presque, que suite à son adoption, l’économie nationale ira mieux du fait des mesures économiques que l’autorité européenne, ainsi constituée, ne manquera pas de prendre afin d’agir, par exemple, sur le taux de chômage -qui avoisine presque les 11% de la population active française- et le faire rejoindre, lentement mais sûrement, le taux anglais qui frôle, lui, le plein emploi.

Serait ce le cas ? Très peu vraisemblable. Sauf à supprimer l’esprit d’assistanat qui règne en France et, ainsi, obliger un grand nombre d’inactifs à reprendre le chemin du travail sous peine de perdre tous leurs droits.

Cet électeur doit se convaincre également -il ne peut faire autrement s’il veut adhérer aux discours et promesses des tenants du OUI- qu’en matière de défense, cette nouvelle autorité européenne aura, finalement, la totale tutelle sur les différentes armées des pays membres et le pouvoir de lever les impôts afin de les équiper aux mieux et, ainsi, faire face aux menaces internationales à venir.

Là encore, nulle nation ne s’est engagée -par cette constitution- à laisser ses moyens de défenses à la disposition d’une autorité européenne. Il peut, d’ors et déjà, légitimement s’inquiéter du nombre de décisions autonomes prises le moment venu face à un péril commun, voire du manque de solidarité prévisible entre les états de la Communauté, et s’interroger si cette ‘’Union’’ forme vraiment une force dissuasive ?

Il peut, à juste titre, en douter.

Il doit tenter d’imaginer encore, ce pauvre quidam de plus en plus incrédule, que le ministre des Affaires étrangères européen aura les pleins pouvoirs pour définir la politique extérieure de l’Union, et prendre -le cas échéant- des décisions qui engagent tous les signataires de ce traité.

Cela serait méconnaître -entre autres- le locataire de l’Elysée qui se refuse à mettre son droit de veto onusien à la disposition de l’intérêt commun et à adapter la politique étrangère française à celle décidée par la majorité européenne requise, quitte pour cela perdre, éventuellement, son aura dans le monde arabo-musulman.

Il doit se persuader enfin, pour pouvoir voter OUI sans remords, que l’autorité européenne ainsi crée, sera efficace sur l’immigration non désirée, que de nouvelles lois réglementeront assurément ce problème et définiront définitivement les frontières de l’espace commun.

C’est oublier, encore, que selon l’affirmation de Jacques Chirac, les racines de l’Europe sont autant musulmanes que chrétiennes et que ce continent a vocation à s’ouvrir à d’autres contrées telles la Turquie, voire le magreb, à des fins pacificatrices et sensées éviter toutes confrontations de civilisation !!!

Bref ! Somme toute, par cette liste, si peu exhaustive, on peut tout compte fait se demander si le traité présenté à nos suffrages n’est pas en soi une véritable catastrophe et préjudiciable pour l’avenir de l’Europe souhaitée. Une Europe souveraine, avec un Président élu directement au suffrage universel -et non choisi en comité restreint-, nommant son gouvernement afin d’appliquer la politique attendue par les peuples et risquant, comme dans toute démocratie qui se respecte, d’être censuré par un parlement non démuni de ses prérogatives, tel que présentement.

Programme totalement non prévue dans cette constitution.

Ce qui conduira, on peut raisonnablement le conjecturer, au rejet de ce traité. Les technocrates de Bruxelles seront donc bien obligés alors, contrairement à certaines allégations, d’ouvrir de nouvelles négociations qui, il faut l’espérer, tiendront compte de la décision du peuple Français.

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