vendredi 13 janvier 2006

Le débat démocratique assassiné

(Article paru dans le bi-mensuel francophone israélien L'Enjeu )

Le 25 janvier prochain verra, peut être, la consultation législative du « peuple palestinien ». L’analyse des faits et gestes des différents groupes armés dans les territoires soulève l’interrogation de la qualité du résultat du scrutin, et par là, de celle de la nouvelle majorité sortie des urnes. La participation du Hamas, et de ses clones, préfigure de tristes lendemains pour toute la région. Election, donc, à suivre de très près.


« Le monde qui nous appelle à organiser des élections démocratiques doit nous aider pour que ces élections se déroulent dans les mêmes conditions que dans les autres pays ». C’est l’appel désespéré lancé par le Premier Ministre de l’Autorité palestinienne, Ahmed Quoreï, envers la communauté internationale en faveur des élections législatives qui devraient se tenir le 25 janvier 2006. Exhortation justifiée à l’étude de la situation actuelle des territoires sous contrôle de son gouvernement qui dénote, sans égal, l’inculture démocratique des habitants de ces territoires, usuellement nommés « peuple palestinien ».

Une inculture bénéficiant politiquement aux hommes armés, et principalement au Hamas, groupe terroriste reconnu comme tel par Israël, l’Europe ou encore les USA. Une ignorance, des us et coutumes du système démocratique, résultant en grande partie de la volonté d’un Yasser Arafat plus sensible, de son vivant, aux sirènes d’un pouvoir absolu nommant arbitrairement les candidats à la députation d’un parlement aux pouvoirs politiques, de fait, fantoches. Postes, cependant, aux salaires et avantages en natures très appréciables. D’où la lutte sans merci des membres du Fatah lors de la primaire voulue par Mahmud Abbas, un président désireux de croire en une vertu n’existant pas encore dans la population qu’il tente de guider, mais aussi pour répondre aux critiques accusant de corruption la vieille garde du mouvement.

Ces élections, qui devaient se tenir initialement quelques jours avant le désengagement de la bande de Gaza, ont été reporté au début de l’année 2006 suite à l’inquiétude de voir le Hamas être auréolé, par les urnes, pour « sa victoire » proclamée sur « l’entité sioniste » après le désengagement unilatéral de la bande de Gaza. Peur, semble t-il, qui se renouvelle à l’approche de la date choisie, si l’on se réfère aux sondages accordant entre 35% et 50% des 132 places à pourvoir pour la nouvelle législature. Crainte des députés sortants et des membres du Fatah, notamment les jeunes cadres, de ne pouvoir compter sur une réélection, ou sur un groupe parlementaire suffisamment fort pour contrer l’arrivée des islamistes et les voir subtiliser, par la loi, le pouvoir et les fonds de l’Autorité palestinienne.

C’est ainsi que l’on a pu apercevoir, lors des primaires, des militants des Brigades des martyrs d'Al-Aksa ( mouvement issu du Fatah ) pénétrer, armes en mains, dans plusieurs bureaux de votes, en exigeant le report des élections législatives, ou envahir le siège de la commission électorale de Gaza en tirant des coups de feu en l’air. D’autres, encore, saccageant les bureaux, détruisant des ordinateurs et menaçant de perturber le déroulement des élections si de nouvelles primaires ne sont pas organisées au sein du Fatah.

Des attitudes de militants politiques dans la normalité des mœurs actuels de cette région n’ayant rien à envier aux revendications, plus terre à terre, d’autres ‘’brigadistes’’ prenant, par exemple, le contrôle de bâtiments publics, dans le sud de Gaza, pour réclamer du travail. Ou encore la revendication de quelques 300 autres, occupant la mairie de Bethléem pour exiger le paiement de subventions de la part de l'Autorité palestinienne.

Doléances claniques qui en rappelle d’autres, souvent peu charitables. Comme l’attaque, d’hommes armés appartenant à l’un des plus grands clans de la bande de Gaza, du principal complexe hébergeant les organes de sécurité, la prison, et le bureau du Ministre de l’Intérieur Nasser Youssef, afin d’abattre un détenu accusé d’avoir tué un de leurs proches.

Bref ! Des scènes apocalyptiques, devenues quasi quotidiennes qui ne rappellent en rien un débat démocratique digne de ce nom. Débat dévié également par des petits arrangements juridiques entre les tenants du Fatah. Parti qui a vu sa jeune garde, conduite par Marouan Bargouthi (emprisonné par Israël pour avoir été condamné à cinq peines à la perpétuité), se séparer du mouvement, puis revenir après avoir obtenu quelques concessions majeures. Ce qui, en conséquences, obligea la Cour électorale suprême palestinienne à autoriser la réouverture des bureaux d’inscription des candidatures afin de permettre la fusion des deux listes concurrentes du Fatah, malgré l’expiration du délai imparti.

Tout ce désordre ne serait que broutille, s’il ne ferait presque oublier le conflit israélo-arabe, et le désir de tous ces hommes armés, sans exception, d’éradiquer définitivement Israël de la surface du globe. Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) a ainsi annoncé, après avoir inscrit ses candidats, qu'il oeuvrerait en faveur d'une dénonciation des accords de paix conclus en 1993 à Oslo, que le Fatah a soutenus.

Des sources proches du Hamas ont rapporté, quant à eux, que ce mouvement alignerait notamment, comme candidats, la veuve d'un terroriste tué par les Israéliens ou encore des chefs détenus dans des prisons israéliennes, voire quelques ‘’Palestiniens’’ chrétiens alliés au groupe.

La radio israélienne a, pour sa part, affirmé que les autorités ‘’palestiniennes’’ ont autorisé 15 terroristes du Hamas recherchés par Tsahal à revenir dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah. Parmi eux, un des fondateurs du groupe. Pas moins.

A cette litanie sans fin des actes guerriers des groupes politiques et armés composant l’entité ‘’palestinienne’’, il faut y rajouter les tirs incessant de roquettes « artisanales » Quassam sur le territoire israélien, les assassinats de soldats aux checkpoints et les attentats suicides contre des civils innocents, véritables crimes contre l’humanité.

Actes belliqueux contraires à tout esprit d’ouverture et de dialogue entre les parties adverses, et qui ont, dans un premier temps, encouragé le gouvernement israélien à empêcher l’élection législative dans les quartiers arabes de Jérusalem. Ce qui fit dire à Mahmud Abbas, avide d’une solution lui sauvant la face tout en lui permettant d’annuler ces élections vraisemblablement perdues pour le ‘’camp de la paix’’ qu’il se targue de représenter, que : « Si nous ne pouvons organiser des élections démocratiques à Jérusalem, il sera difficile de le faire dans d’autres zones. A ce niveau Israël sera responsable du blocage du processus démocratique en Palestine ».

Responsabilité que le gouvernement israélien, semble t-il, devrait décider d’endosser pour tenter d’éloigner au maximum le Hamas du suffrage universel et des postes de décisions de l’Autorité Palestinienne, et ainsi tenter de sauver la frêle démocratie ‘’palestinienne’’ des griffes du terrorisme, mais aussi de l’islamisme.

Il est donc permis de se demander si, au soir du 25 janvier, élection ou pas, Israël disposera d’un partenaire pour la paix, impatient d’honorer les termes inscrits dans la carte routière menant, notamment, à une reconnaissance explicite du droit de son existence. D’aucuns en douteraient.

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