dimanche 14 novembre 2004

Une perte de valeurs

Depuis plus d'une semaine, sur tous les médias nationaux français, le public a eu droit à toutes sortes d'analyses de la part de 'spécialistes' du Proche-Orient, notamment sur «l'après Arafat» et sur le devenir du processus de paix. Il était donc évident que l'ancien Ministre des Affaires étrangères de la Chiraquie, Hubert Védrine, s'invite dans ce débat, lui qui se targue de son «expérience» acquise dans ce poste, de 1997 à 2002.

Ainsi, dans une mini-interview publiée par Libération, il affirme que c'est «le moment pour Bush de dire : négocions». Car, selon ce 'professionnel' de la politique arabe de la France, il va sans dire que «l'essentiel est ce qui va se passer du côté israélien», puisque «les sondages montrent que, depuis des années, les Israéliens sont assez disponibles pour [? disposés à ?]la création d'un Etat palestinien...». A la lecture de cet aveu tardif, on ne peut être, a posteriori, qu'indigné par sa cécité et ses prises de position lorsqu'il était aux affaires nationales.

Indignation qui, à la suite de la lecture de son 'analyse', gronde encore à son égard, vu que les affirmations qui jalonnent son exposé ne s'appuient que sur sa propre réflexion, entretenue par ses positions anti-israéliennes et plusieurs entorses à la réalité historique.

Ainsi, nous assène-t-il, «Sharon a combattu toute sa vie tout processus de paix». L'accord de paix avec l'Egypte, auquel le Premier ministre israélien prit pleinement part, en est le plus flagrant démenti.

- Ou encore : «dans son esprit, il évacue Gaza "pour solde de tout compte, afin qu'il n'y ait plus jamais de revendication d'un Etat palestinien en Cisjordanie, auquel il est farouchement opposé». Quant à l'esprit de Védrine, il est, sans nul doute, victime de la construction idéologique à laquelle il participe pleinement.

- Ou encore : «En 2000, il y avait eu les négociations de Camp David, de Charm el-Cheikh, de Taba, dont on a attribué abusivement l'échec à Arafat seul, précisément afin d'avoir un prétexte en or massif pour ne pas négocier».

Ou l'art d'absoudre le Raïs défunt de toute volonté d'éradication d'Israël par, au minimum, l'arme démographique, et de justifier, de la sorte, la poursuite de la «Guerre d'Oslo» initiée, néanmoins, par l'ex-porteur de keffieh.

Le reste, qui est à l'avenant, le dispensera de toute exigence morale d'un arrêt total du terrorisme palestinien à l'encontre d'Israël et de ses citoyens.

C'est, comme on le voit, par de telles 'analyses' d'hommes politiques - publiées sans limites dans les médias nationaux - qu'il devient possible de comprendre que la politique française pro-arabe[i] s'est métamorphosée en une politique [i]POUR un monde arabo-musulman, qui ne partage nullement nos valeurs.

En effet ! Aucune contestation d'intellectuels ou d'élus ne s'est élevée lorsqu'on a aperçu le chef de l'Etat - pourtant garant des valeurs de la République Française - se rendre au chevet de Yasser Arafat, puis, le 11 novembre, s'incliner devant sa dépouille, avant que les honneurs militaires - dignes d'un chef d'Etat respectable - soient rendus à celui qui, entre autres, incitait, en arabe, les jeunes fanatisés à se transformer en bombes-inhumaines, dans le but d'assassiner un maximum de civils israéliens, qui refusait de reconnaître tout lien entre le judaïsme et Jérusalem, ou encore, qui corrompait par l'argent détourné, les mœurs et les cœurs de ceux qui rêvent à la solution de deux états vivant côte à côte.

Il y a eu le 11 septembre américain, puis le 11 mars espagnol. Il est à craindre que le 11 novembre soit, pour la France, la date qui, à l'avenir, symbolisera le mieux la politique chiraquienne. Politique qui attente gravement, jour après jour, aux valeurs de la République. Politique qui a vu son représentant légal s'incliner devant le cercueil du dictateur syrien, Hafez Al-Assad, mais refuser, par contre, cette dernière marque de respect à celui qui contribua fortement à la chute du totalitarisme communiste, Ronald Reagan.

Politique, encore, qui vit le locataire de l'Elysée se démener pour empêcher la fin du régime du despote irakien, Saddam Hussein, puis dédaigner le Premier ministre par intérim - mais démocratiquement consensuel -, qui le remplace.

Politique qui justifie tout à fait, aux yeux des démocrates, que la France soit, de nos jours, au mieux, ignorée par les Israéliens, méprisée par les Américains et haïe par les Ivoiriens.

Peu d'élus de droite ou de gauche ont désavoué, à ce jour, cette politique commune à la droite et à la gauche. Georges W. Bush ayant été élu sur des valeurs qui sont également nôtres, il est donc évident que le salut de la République viendra, encore une fois, de l'autre côté de l'atlantique.

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