mardi 15 juin 2004

L’échappatoire de Libé

Le procureur général de l’état d’Israël, Menahem Mazouz, s’est donc décidé dans l’affaire dite de « l’île grecque ».Ariel Sharon ne sera pas poursuivi judiciairement, pour la bonne raison qu’« il n'existe pas de base solide de preuves et même pas de commencements de preuves » contre lui.

Ainsi, Edna Arbel -procureure publique- a vu sa recommandation d’inculper le Premier Ministre et son fils pour « corruption détournée » rejetée car fondée sur des « arguments trop généraux et des preuves indirectes et circonstancielles » qui l’ont probablement empêché de discerner le « rôle opérationnel éminent » joué par Guilead Sharon auprès de l'homme d'affaires David Appel.

Comme pour accabler un peu plus Edna Arbel, le procureur général y ajoute l’évidence essentielle que « Le Premier ministre doit être jugé comme tout citoyen. Il ne convient pas d'être plus indulgent à son égard, ni plus sévère ». La justice israélienne est donc passée et la décision se doit d’être respectée par les démocrates et notamment les faiseurs d’opinions publiques, j’ai nommé les Journalistes.

Ainsi, est incompréhensible le titre choisi pour l’article de Jean-Luc Allouche paru dans le quotidien Libération du 16 juin : «Ariel Sharon échappe à le justice ». Si le contenu du texte est honnête et rapporte succinctement mais correctement la conférence de presse du procureur général de l’état, il en va tout autrement du titre choisi.

Formulation spécialement destinée aux lecteurs surfant brièvement sur le site Internet, ou feuilletant rapidement le journal, et ne s’intéressant pas, ou peu, aux déboires personnels de cet homme, cependant dénigré à longueur de colonnes par la rédaction pour causes d’idéologies partisanes. L’effet recherché marquera, ainsi, ces lecteurs pressés et peu concentrés sur l’information elle-même.

Il leur est, en conséquence, loisible -par le verbe utilisé, à savoir « échapper »- d’imaginer toutes hypothèses de combines malsaines venant de la part du Premier ministre israélien. Ainsi, le sens attribué à ce verbe équivaut à « fuir », « se soustraire », « se sauver », « éluder », « esquiver »…. Verbes nous donnant la fâcheuse impression que la Justice israélienne a été ‘’possédée’’ par Ariel Sharon, ‘’cet homme politique rompu à l’art malhonnête et à la stratégie individualiste privilégiée au mépris des intérêts du pays qu’il dirige’’.

Si la lecture effective du corps de l’article dément totalement cette perception, il aurait été cohérent d’y voir accoler un titre nous informant qu’« Ariel Sharon est innocenté par la Justice » des accusations portées. Oui mais voilà ! Nous sommes au cœur de la rédaction de Libé et concevoir, un tant soit peu, le Premier ministre israélien « innocent » de quoi que se soit est pour le moins impensable dans l’esprit de ce journal.

Tout comme, il faut le signaler, de nombreux autres médias francophones où la réputation de ce dernier précède l’actualité factuelle.

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