dimanche 25 avril 2004

Lettre ouverte à Ariel Sharon

Mr. Le Premier ministre,

J’apprends avec désagrément que vous avez accepté l’invitation à vous rendre, dans les deux prochains mois, en visite officielle en France, alors que ce pays n’a en rien mérité cet honneur.

Je conçois aisément, en effet, votre besoin d’établir des relations internationales, mais il me semble que cette visite contentera plus une exigence française, d’un rôle diplomatique dans le règlement du conflit israélo-arabe et particulièrement dans votre plan de retrait unilatéral, que les propres intérêts du pays que vous dirigez.

L’ample liste, facilement dressée, d’hostilités françaises de ces dernières années à votre égard mais, surtout, au bien être du peuple israélien est là pour nous rappeler que ce pays favorise le commerce international au détriment, si nécessaire, des valeurs universelles, voire au préjudice d’Israël et de ses amis.

En effet ! Comment taire que de toutes ses visites officielles en pays étrangers, seule celle concernant Israël en 1996 a vu Jacques Chirac se comporter, publiquement et clairement, de façon indigne ?Et que dire de sa ‘’participation’’ à l’intransigeance d’un Yasser Arafat, lors d’un sommet à Paris, peu avant le déclenchement de la guerre souhaitée et organisée par ce dernier ?

Que penser, encore, de la condamnation française -d’un Hubert Vedrine alors ministre des Affaires étrangères sous la présidence chiraquienne- à la Commission des Droits de l’Homme d’un prétendu « massacre » de Djénine ?

Comment interpréter la convocation à l’Elysée du Premier ministre Lionel Jospin alors de retour d’Israël et authentifiant le terrorisme du Hezbollah ?

De quel nom, en conséquence, désigner cette tentative française -au Conseil de sécurité de l’Onu- de neutralisation du droit à la légitime défense d’Israël par une interdiction onusienne d’éliminations de chefs terroristes, commanditaires de centaines d’assassinats de civils Israéliens ?

De quelle façon saisir les réceptions officielles françaises, avec tous les honneurs, du reclus de Ramallah sans jamais exiger de celui ci l’abandon définitif de l’éradication du foyer juif par un retour massif de ‘’Palestiniens’’ en son cœur ?

Comment, enfin, entendre d’Algérie, et lors d’une conférence de presse, toutes ces méconnaissances élyséennes du Droit international qui lèsent le besoin essentiel israélien de frontières ‘’sûres’’ mais aussi ‘’reconnues’’ ?

Ce petit rappel, partiel toutefois, des actes français élyséens très franchement anti-israéliens, ne doit pas pour autant vous faire oublier, Mr. Le Premier ministre, l’état mental actuel de ce pays.

Vous n’êtes pas sans savoir que la République Française tolère en son sein des partis politiques extrêmes -d’une certaine importance électorale-, partisans d’une ‘’mutation’’ d’Israël en un état bi-national.

Qu’un parti de gauche -dit démocratique- évince des élections européennes de 2004 un eurodéputé sortant (François Zimeray) pour avoir recherché durant tout son mandat une paix juste et durable pour le Proche-Orient, et laisse simultanément circuler en son sein une pétition anti-israélienne.

Que des médias publics nationaux portent haut les faits et gestes démontrant la nocivité d’Israël mais taisent les responsabilités de ce ‘’monde arabo-musulman’’ en guerre contre l’existence même de votre pays.

Que les rues de ce pays abritent souvent des manifestations où le drapeau israélien est brûlé sans, pour autant, qu’une intervention policière y mette fin.

Et, enfin, que les écoles juives françaises, de ces faits, sont grillagées et surveillées par des vigiles et/ou des caméras de surveillances.

Telle est actuellement la triste situation en ce pays, dit des ‘’Droits de l’Homme’’ et des ‘’lumières’’. Vous comprendrez donc naturellement ma stupeur quant à une visite officielle en ce pays, et ma requête d’un refus public de votre part à cautionner cette politique néfaste aux seuls intérêts du peuple dont vous avez la charge.

Exigez avant toute chose, Mr. Ariel Sharon, que la France fasse amende honorable en ce qui concerne les torts causés à votre (notre) pays.Et si besoin réel était d’une rencontre, qu’elle se réalise à Jérusalem et nulle part ailleurs que dans le bureau du Premier ministre israélien que vous êtes.

Ainsi seulement, Mr. Le Premier Ministre, vous rétablirez le respect dû au peuple israélien -et, au delà, au peuple juif de par le monde- mais aussi aux valeurs universelles qui fondent nos sociétés démocratiques.

Cordiales et respectueuses salutations.

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