mercredi 28 avril 2004

Les maux français

Là où la mauvaise foi règne, la déraison s’amplifie et les conflits perdurent. On pourrait donc espérer de la part d’intellectuels Français, qu’ils démêlent -aux simples esprits que nous sommes- les méandres du conflit israélo-arabe avec une probité exemplaire et non pas qu’ils accroissent l’hostilité des anti-israéliens et anti-sionistes patentés.

C’est, cependant, ce que font -une fois de plus dans le quotidien Le Monde- Etienne Balibar et Madeleine Rebérioux dans un point de vue intitulé tout simplement «laisserons-nous détruire la Palestine ? ».

Il est donc facile, par ce titre, de désigner LE coupable, « dont la politique au Moyen-Orient se résume en une fuite en avant militaire et impériale », « dont l'aboutissement est la création d'un Grand Israël », qui « défie ouvertement le droit international et l'opinion des peuples voisins » et qui « n'hésite pas à semer la haine, la ruine et l'humiliation » sur « une société paupérisée, expropriée, atomisée, et pourtant vivante, sur laquelle il frappe à coups redoublés et qu'il veut pousser aux actions les plus désespérées ».

Ce qui n’empêche nullement ce ‘’mis en examen permanent’’ d’avoir -toujours selon ces clercs de l’anti-israélisme- un grand nombre de ‘’complices’’, autres bien sûr que George W. Bush et son administration de néoncons.

Complices, telle « l'opposition démocrate américaine, dont le candidat, en pleine surenchère électorale, a exprimé son soutien sur ce point à l'administration Bush »; les « Etats arabes, plus empêtrés que jamais entre leurs opinions publiques, qu'ils redoutent, leurs antagonismes nationaux et idéologiques, les intérêts diplomatiques et financiers qu'ils veulent ménager et leur dépendance de la protection américaine »; « Les Nations unies (…) dont la majorité ne se résout toujours pas à faire sauter le verrou du veto américain au Conseil de sécurité et à faire respecter ses propres résolutions »; « Les nations européennes (qui) n'en finissent pas de payer la note de leur mauvaise conscience, de leurs refoulements et de leur lâcheté. Après avoir contribué, à des degrés divers, à l'extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale et ‘’oublié’’ la colonisation, elles s'apprêtent maintenant à sacrifier le peuple palestinien ».

Ces ‘’complices’’ qui, en conséquence, interdisent la réaffirmation onusienne du « (…) droit à l'autodétermination de la Palestine », la condamnation « d'une façon enfin efficace des assassinats ciblés, (de) la construction du mur, (de) l'annexion de fait de la Cisjordanie », ainsi que l’exigence d’un « retrait israélien complet des territoires occupés et la mise en œuvre d'un plan de protection des populations (…) ».

Résolutions internationales, qui par leurs blâmes à Israël (pour sa légitime défense ‘’innommable’’) et leurs contraintes (à se plier aux desiderata du « monde arabo-musulman ») éviteront « la catastrophe (qui) est donc toute proche » selon ces mandarins de l’anti-sionisme, qui se présentent toutefois comme philosophe et historienne.

Qualités qui impressionnent au bas d’un pamphlet mais non ceux au fait des réalités du terrain.

Réalités qui assurent pourtant qu’il n’est qu’une seule solution logique : le combat de l’Autorité palestinienne contre le terrorisme des siens, et son acceptation de l’Etat d’Israël comme foyer juif. Ainsi, le peuple israélien mandatera -une deuxième fois- un gouvernement pour des négociations ayant comme objectif final la création d’un état ‘’palestinien’’ indépendant et viable.

Au delà de ces simples évidences, il faut s’interroger.

Pour quelles raisons, d’éminents ‘’intellectuels’’, ayant libres tribunes dans les médias nationaux, sont en fait incapables d’énoncer ce que tout à chacun, humble et honnête mortel, comprend de ce conflit ? Il est difficile d’avoir une analyse cartésienne de leurs comportements, sauf à comprendre que leurs objectifs sont les mêmes que ceux du monde arabo-musulman. Un Etat d’Israël bi-national, puis -en conséquences- des Juifs errants jusqu’aux nouveaux fours crématoires qui ne manqueront pas de se dresser, ici ou là, tôt ou tard, sur leurs chemins.

Il est dramatique également, qu’un journal -dit de ‘’référence’’- imprime dans ses colonnes des points de vues volontairement aussi peu empreints d'intégrité intellectuelle, et intoxiquant la réflexion générale.

A camoufler ou à justifier en permanence l’exigence du « droit au retour » de ‘’réfugiés palestiniens’’ au sein d’Israël, ces ‘’humanistes’’, secondés par tous ces médias, contribuent simplement à la poursuite du conflit, voire à la putréfaction des relations internationales entre Jérusalem et Paris.

Faut il conjecturer alors, qu’une visite officielle du Premier ministre israélien améliorera cet état de chose ? Cela dépendra, en grande partie, de la volonté chiraquienne, mais à considérer l’insignifiante représentativité ministérielle -à l’ambassade d’Israël en France- lors du 56éme anniversaire de l’indépendance, cela semble très mal engagé.

Et cependant, il faudra bien qu’à l’instar du Ministre d’état Nicolas Sarkozy accusant le gouvernement Jospin d’avoir, alors, laissé planer l’ambiguïté quant à une « France antisémite », ce même pays perçoive un jour l’accusation d’anti-israélisme primaire qu’on lui porte journellement avec raison.

Et nous ne sommes pas à l’avant-veille de ce jour.

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