mardi 20 avril 2004

Les inepties de Pascal Riche

Un quotidien digne de ce nom se doit, sinon d’avoir une ligne éditoriale respectable, tout au moins de posséder la rigueur nécessaire à l’information factuelle pour l’intérêt du débat mais surtout pour le respect de ses propres lecteurs.

Dans un dossier en date du 19 avril, de la rubrique « Événements » et consacré au conflit israélo-arabe, Pascal Riche -correspondant de Libération à Washington - dans un article intitulé " Bush change son fusil d'épaule" noircit (c’est le terme approprié) une page pour justifier son salaire.

Ainsi, nous ‘’informant’’ sur le soutien de la Maison Blanche au plan de retrait unilatéral d’Ariel Sharon, il nous ‘’commente‘’ la décision de George W. Bush qui a « affirmé que les Palestiniens devaient renoncer au ‘’droit au retour’’ des réfugiés en Israël, pourtant reconnu par l'ONU, et bousculé le tabou des tabous, en disant que les frontières, héritées de 1948, qui délimitaient l'État d'Israël jusqu'en 1967, ne sont pas intangibles » (sic).

On en conviendra aisément, les connaissances de ce ‘’journaliste’’ nous laissent sans voix. Autant d’inepties en si peu de place, de surcroît non corrigées par sa hiérarchie, démontre, si besoin était, la ligne anti-israélienne de ce ‘’journal’’. Trop d’erreurs tuent, de fait, le droit humain à l’erreur.

En effet ! Affirmer que le Droit onusien reconnaît le ‘’droit au retour’’ des réfugiés en Israël c’est mentir, et surtout servir la soupe à ceux qui désespèrent de la résistance israélienne à ne pas disparaître, car la seule résolution (194 ) s’y préoccupant émane de l’Assemblée générale et n’a aucun effet juridique obligatoire sur le gouvernement israélien. Considérer que cette Assemblée, à majorité systématiquement anti-israélienne, ordonne le Droit c’est incontestablement consacrer l’illégalité de l’existence même de l’État d’Israël.

Pour ce qui est des autres âneries alléguées dans ce paragraphe, elles sont étourdissantes de prétentions intellectuelles. Comment concevoir en effet que les « frontières héritées de 1948 », décidées -on ne le dira jamais assez- par le plan de partage et la résolution 181 qui, elle, à force de loi, puissent être celles « qui délimitaient l’État d’Israël jusqu’en 1967 » ?

Que sont devenus les desseins du monde arabo-musulman d’éradication de cet état naissant, puis l’armistice signée en 1949 délimitant, de fait, la ‘’ligne verte’’ ? Le lecteur, peu au fait du conflit, n’en saura rien.Pascal Riche le sait il lui même ?

Comment expliquer, encore, la phraséologie de ce ‘’pigiste’’, nous parodiant George W. Bush bousculant « le tabou des tabous » de l’intangibilité des « frontières héritées de 1948 » ?

N’est ce pas là, la preuve inconsciente de son souhait (et donc celui de son journal ) de voir remises en négociations les frontières israéliennes attribuées, alors, par la résolution 181 de 1947 reconnaissant un foyer juif ?

Le reste du texte est à l'avenant.

Ses ‘’condamnations’’, en filigrane, de la politique US et du plan de retrait unilatéral d’Ariel Sharon, n’ont en fait que l’objectif de mener le lecteur à se désespérer de toutes bonnes volontés de la part des responsables américains et israéliens, et à l'inciter à une condamnation sans appel. Surtout lorsqu’ils apprennent l’intérêt de George W. Bush à agir en ce sens.

« Pour de nombreux commentateurs américains, la raison principale qui a poussé Bush à entériner le plan Sharon est électorale. Depuis son entrée à la Maison Blanche, il cherche à reconquérir une partie du vote des Juifs américains. (…) Les stratèges républicains espèrent gagner quelques dizaines de milliers d'électeurs juifs, qui pourraient faire la différence dans des États disputés (…) ».

Bien que l’on notera subtilement qu’il s’agisse de l’avis « de nombreux commentateurs américains » (re sic), on constatera de même la puissance du ‘’lobby juif’’ et la réduction, à peu de chose, de l’intelligence et des valeurs de la politique étrangère américaine.

On s’étonne par ailleurs, et à juste titre, du ralliement ''gratuit'' -à ce plan israélo-américain- du Premier ministre Tony Blair.

Pascal Riche étant correspondant de Libé à Washington, il n’a pu enquêter sérieusement sur les motivations anglaises. Gageons que ce ‘’journal’’ nous fournira les raisons ( malhonnêtes ?) d’ici peu.

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