Au sortir du débat qui a opposé le
deux mai, sur les ondes hertziennes, les deux candidats à la magistrature suprême
française, nul ne peut prétendre que l’un ou l’autre en est sorti vainqueur. En
revanche, sur le vide des dires de chacun, le candidat de gauche est largement victorieux.
Sans affirmer que tout est mensonge et propagande de sa part, une analyse de
quelques paroles de François Hollande le démontre sans ambigüité.
Ainsi, face à quelques millions
de téléspectateurs et sans rougir, il a demandé à son rival d’où il tient que « les
immigrés sont musulmans ? ». C’est à s’interroger si celui-ci sort
quelque peu de sa permanence socialiste pour constater de visu la réalité du
terrain.
Mais là n’est pas le plus
intéressant de la démonstration présente. Lors du débat, François Hollande
a éclairci, entre autres, l’un de ses soixante engagements. A savoir, celui de
réformer le statut pénal du Président de la République. Ainsi, l’élu devra, le
cas échéant, rendre des comptes à la justice sur la période qui a précédé
son élection. Chacun peut donc imaginer
l’avancée ‘’considérable’’ de la mesure. D’autant plus s’il a en mémoire les
ratés du juge d’instruction Lambert dans l’affaire Grégory Villemin.
« Moi, président de la
République, j’aurai aussi à cœur de ne pas avoir de statut pénal du chef de
l’Etat, je le ferai réformer de façon à ce que si des actes antérieures à ma
prise de fonction venaient à être contestés je puisse dans certaines conditions
me rendre à la convocation de tel ou tel magistrat ou m’expliquer devant un
certain nombre d’instances ».
Ainsi, chaque juge recevant une
plainte concernant le Président sera évidemment honorer de l’instruire. De le
recevoir, au vu et su de tous, en son bureau ou d’aller à l’Elysée recueillir
son témoignage. De faire fuiter jusqu’à plus soif quelques secrets de l’instruction
pour avoir sa photo en une. Voire de mettre en examen le Président, d’autant
plus s’il s’avère être un opposant politique.
Les journaux s’empresseront, si
le ‘’prévenu’’ leur est aussi sympathique que le fut Nicolas Sarkozy, de
mettre la pression. D’assurer la publicité des fuites organisées ou de dépositions
‘’incontestables’’ ayant vu le loup dans la bergerie. Ou encore, celle d’analyses
‘’d’experts’’ plus ‘’chevronnés’’ les uns que les autres. D’exiger sa
démission. Assurer ne plus avoir confiance en ce président ayant trahi le bon
peuple. Etc.
Le tribunal, pour ce qui le
concerne, jugera en son âme et conscience. Mais aussi selon la mesure de la pression
de la rue qui refusera toutes sentences, quelques soient. Innocent, le tribunal
sera considéré comme vendu au pouvoir. Coupable, ce même tribunal sera observé comme
vendu à l’opposition. Une quiétude qui sied, chacun le voit, à la justice.
Le Président déclaré ‘’coupable’’
par le tribunal de première instance se pourvoira, évidemment, en Cour d’appel.
Puis en Cour de Cassation. Démarches qui relanceront aussitôt l’intérêt
de la presse d’autant plus si une élection se précise. Ce qui, quelque part,
dictera le choix des électeurs. Un acte très éloigné de l’idée de démocratie.
Entre le dépôt de plainte et le
jugement, s’écouleront plusieurs années qui verront le Président, préoccupé par
sa défense et sa réélection, avoir la tête ailleurs que dans les inquiétudes des
Français. Au niveau international, le prestige de la France en prendra
un coup.
Bref ! Un engagement de
campagne qui n’engage que le candidat PS et qui ne verra pas le jour. Sauf à
vouloir définir, à l’avenir, la France comme une République bananière
gouvernée forcément par des malfrats !
Pour la fine bouche, il faut
savoir que la loi actuelle n’amnistie pas le Président pour ses fautes passées
mais interrompt, le temps du mandat, toutes démarches judiciaires à son
encontre pour lui permettre d’exercer librement, loin de toutes pressions. Le
cas de Jacques Chirac, récemment condamné, est là pour témoigner de la
réalité de cette loi.
On peut donc s’étonner que cet
engagement n’ait pas été plus pensé que cela par les experts du Parti Socialiste.
Au vu des derniers sondages, la France s’apprête à nommer François
Hollande à la Présidence de la République. Il ne reste plus qu’à espérer
que l’ensemble de ses cinquante-neuf autres engagements ne se rapporte pas à
son ramage ouï lors du débat.
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