Traduction de l'interview en hébreu, paru dans le quotidien Maariv le 15 février dernier, de Philippe Karsenty sur l'Affaire Al-Dura, mais aussi sur sa candidature à la députation de la 8ème circonscription des Français de l'étranger et l'affaire Lee Zeitouni.
Il y a 10 ans, Philippe Karsenty était un conseiller
financier prospère, qui dirigeait un site de critique des médias, lequel ne
parlait pratiquement pas d’Israël. C’est alors qu’il tomba sur l’affaire du
reportage de la chaîne publique française France 2, concernant la « mort » de
l’enfant al Dura, durant des échanges de tirs dans la bande de Gaza, en
septembre 2000.
Le reportage de l’envoyé de la chaîne en Israël, Charles
Enderlin, un journaliste chevronné, connaissant les problèmes locaux, se
présentant jusqu’alors comme quelqu’un d’intègre, exempt de tout soupçon «
d’anti-israélisme », avait fait passer comme message, que Tsahal était
responsable de la mort de l’enfant.
La diffusion de ces images a provoqué une vague de haine
sans précédent dans le monde arabo-musulman.
Karsenty est parvenu
à la conclusion que le matériel diffusé avait été arrangé de manière
tendancieuse, et ne pouvait valider les affirmations de France 2.
Considérant que
l’affaire n’était pas moins que
le « grand scandale médiatique des temps modernes », Karsenty est parti en
guerre contre un des principaux médias français, lequel avait sa défense
assurée par les dirigeants politiques et les professionnels des médias.
L’Israël officielle a préféré, pour des raisons de prudence,
et compte tenu du manque de clarté durant l’enquête, ne pas s’associer au
combat de Karsenty, qui, volontairement ou non, se transforma en affrontement
avec Charles Enderlin.
Karsenty fut affublé d’une étiquette de « fou », et fut
obligé de faire face à plusieurs accusations de diffamation, portées par France
2. L’affaire a chamboulé sa vie privée
et professionnelle. Après les premiers échecs, survinrent les succès. Le mois
dernier, il a gagné le procès qu’il avait intenté à Canal +, qui l’avait
diffamé en l’accusant lui-même de diffamation et de déformer la vérité.
La poursuite en diffamation intentée par France 2 a été
rejetée par les instances judiciaires.
Cette semaine, le combat est censé aboutir à une conclusion
couronnée de succès, lorsque la cour de cassation française décidera
vraisemblablement de rejeter le pourvoi de France 2.
Lors de l’audience qui s’est tenue hier, le procureur a
présenté ses conclusions, qui sont de ne pas changer la décision donnant raison
à Karsenty, lorsqu’il a accusé la chaîne de télévision.
Entre-temps, Karsenty est devenu une personnalité publique
connue. En 2008, il a été élu maire adjoint de Neuilly, une banlieue huppée de Paris, qui est aussi la ville de
Sarkozy. A présent, il est candidat aux élections à l’Assemblée nationale, pour
le siège de député des communautés françaises de plusieurs pays méditerranéens,
y compris Israël. Il a aussi des idées arrêtées sur la politique française et
les relations franco-israéliennes, idées qui sont basées sur son combat pour la vérité.
- Philippe Karsenty, quels enseignements tirez-vous de cette affaire qui tire à sa fin
?
- Le vrai problème aujourd’hui est politique. Le Président
Sarkozy a pris une position de soutien au mensonge de France 2, en dépit du
fait que j’ai gagné mon procès. Il a accordé la Légion d’honneur à Charles
Enderlin. J’attends qu’après ma victoire définitive, l’Etat d’Israël prenne ses
responsabilités, et que le soutien à Charles
Enderlin, qui sévit dans la société israélienne, soit stoppé.
- Pourquoi ce
combat vous semble-t-il si important ?
C’est l’image la plus destructrice qui ait été créée pour
entraîner la diabolisation d’Israël dans le monde. Depuis la création de l’Etat
d’Israël, il n’a existé aucune image
d’une telle intensité, ayant pour but de
détruire l’image d’Israël. Le problème est, qu’en Israël, la plupart des
gens ne l’ont pas compris, et ne lui ont pas accordé l’importance historique
qui lui est due. Cette image a entraîné un changement de l’opinion publique mondiale, qui s’est
retournée contre Israël. Le journaliste Daniel Pearl a été assassiné pour
venger la « mort » de Mohamed al Dura. Ben Laden s’en est servi sur internet
pour recruter des volontaires pour les
attentats des tours jumelles. En Israël, personne ne s’en est aperçu. Autre
exemple, quand j’ai visité Bamako, capitale du Mali en Afrique, j’ai vu que la
place principale de la ville s’appelle « Place de l’enfant martyr de Palestine
». Il y trône une statue géante représentant le petit Mohammed al-Dura.
- Vous avez payé
le prix fort du point de vue personnel. Toute votre vie s’est concentrée autour
de l’affaire Al-Dura. Cela en a-t-il valu la peine ?
- Quand j’ai gagné mon procès contre France 2, 800
journalistes ont signé une pétition contre moi pour dire que je suis un
négationniste - un terme réservé en France a ceux qui nient la Shoah - car,
selon eux, j’ai nié la mort de l’enfant. Et ça continue ! Tous les médias se
sont comportés de manière ignoble, et même les ambassadeurs d’Israël en France,
sauf Elie Barnavi, se sont opposés à moi. Les radios juives ont soutenu
Enderlin sans discontinuer. Cette histoire m’a touché dans ma vie et m’a isolé
durant toutes ces années ; les gens me prenaient pour un fou. Quand on a une
responsabilité historique, il faut aussi l’assumer.
- Aujourd’hui vous
êtes candidat aux élections au Parlement
Français. Quel est votre programme ?
Je me situe au centre droit. Je ne m’identifie avec aucun
parti. Mon programme est la défense des intérêts des citoyens français
d’Israël, de Grèce, d’Italie et de Turquie. Je veux défendre les valeurs qui ne
sont plus défendues à l’Assemblée nationale aujourd’hui : pluralisme,
indépendance des médias et culture. Je parle de la défense de la culture
occidentale, des valeurs et des principes d’une société ouverte, de la
démocratie.
- Que pensez-vous de la politique Israélienne ?
- Je ne veux pas m’immiscer dans la politique intérieure
d’Israël. Je ne suis pas candidat à la Knesset. Je suis candidat aux élections
en France, mais je pense qu’Israël aussi a besoin de la vérité. Ce qui me gêne,
lorsque j’observe la politique israélienne, c’est qu’il me semble que les
Israéliens acceptent les mensonges proférés par les autres pays. Par exemple,
lorsqu’on leur dit que Mahmoud Abbas est un partenaire pour la paix, alors que
l’on sait que, parallèlement, il incite
à la haine dans les territoires palestiniens, signe un traité avec le Hamas et
se prépare à la guerre. Je pense qu’Israël ne peut pas prendre le risque de
faire la paix avec des gens qui veulent la guerre.»
- Quelle est votre
position sur les « malentendus » entre la communauté juive en France et
les Israéliens, y compris l’affaire Lee Zitouni ?
- Quand on voit l’attitude diplomatique de la France envers
Israël, sous couvert de mots amicaux, on perçoit une hostilité inimaginable. La
reconnaissance d’un pseudo pays palestinien à l’Unesco est un acte ignoble qui
passera dans l’histoire comme un acte supplémentaire de traîtrise de la France.
Sarkozy a commencé avec des mots très amicaux envers Israël, puis est devenu
très hostile, tout en continuant à prétendre qu’il est un ami d’Israël. Je ne
pense pas qu’il y ait place pour une hostilité entre les Juifs français et
israéliens en ce qui concerne Lee Zitouni : il y a une manipulation cynique des
politiciens israéliens et français qui veulent utiliser ce cas à leur avantage.
Il y a des lois en France et il y a des lois en Israël. On ne va pas les
changer à cause de deux chauffards meurtriers. Il y a la possibilité de les
juger en France. Il n’existe pas de traité d’extradition entre les deux pays.
Est-ce que vraiment tous les citoyens français qui vivent en Israël voudraient
tout remettre en question et se mettre en danger d’extradition pour d’autres
raisons ? ».
Pour lire la version en Hébreu : Interview de Philippe Karsenty
Pour voir son Clip de campagne pour l'élection à la députation de la 8éme circonscription des Français de l'étranger
Pour voir son Clip de campagne pour l'élection à la députation de la 8éme circonscription des Français de l'étranger
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