vendredi 27 janvier 2006

La mollahcratie au service de la barbarie

( Article paru dans le bi-mensuel francophone israélien L'Enjeu du 27 janvier 2006 )

Le régime iranien exige l’obtention de la maîtrise complète de la filière atomique pour un objectif déclaré civil. Les puissances économiques et militaires se refusent à le croire et prennent le chemin d’une confrontation ayant comme objectif le respect des accords signés par les mollahs, notamment le Traité de Non Prolifération (TNP). Cela empêchera t-il l’Iran de voir aboutir sa quête et ainsi menacer l’équilibre régionale ? Les paris sont ouverts.

L’Iran compte t-il, encore, comme un pays signataire de la charte de l’ONU malgré sa demande publique d’éradication d’un de ses membres mais aussi pour avoir menti effrontément sur ses recherches nucléaires vieilles de dix-huit années ? A observer les réactions de la communauté internationale, ce pays mène, pour l’instant, ses objectifs sans craindre apparemment de véritables représailles de sa part. D’où ce sentiment d’impunité qui permet à Mahmud Ahmadinejad, le président iranien, de délégitimer publiquement l’Etat d’Israël en proposant que l’Allemagne et l’Autriche attribuent quelques provinces leur appartenant pour en faire un état juif. « Les pays européens affirment qu'Hitler a tué et brûlé des millions de Juifs.(…) Même si tout cela était vrai, cela serait à l'Allemagne de réparer. Il n'y a pas de raison que les Palestiniens payent le prix de l'oppression des Juifs par Hitler ». Déclaration suivie, quelques jours plus tard, d’une assertion quant à la réalité de la Shoah la qualifiant de « mythe » mais aussi d’une proposition d’un séminaire de travail sur le sujet afin « d’examiner la dimension de cette question et ses conséquences » (sic).

Devant l’évidence de la conclusion que les ‘’scientifiques’’ choisis seront amenés à exprimer, le parallèle avec une certaine époque qui a vu le malheur s’abattre sur le peuple juif s’impose. Faudra t-il alors, comme en 1981 pour la centrale nucléaire irakienne de Tammuz, qu’Israël envoie son armée de l’air anéantir cette farouche volonté iranienne de disposer d’armes de destruction massive (ADM)?

Devant cette éventualité devenant, jour après jour, de plus en plus concrète, le Premier ministre par intérim, Ehud Olmert a demandé, lors de ses toutes premières déclarations de politique étrangère, la saisine du Conseil de sécurité de l’Onu «afin que des mesures soient prises pour empêcher l'Iran de se doter d'une capacité nucléaire». Exigence rationnelle si l’on considère que les missiles continentaux Shahab 3, développés à partir de modèles nord-coréens, installent déjà Israël à la portée destructrice de l’Iran et modifient totalement la balance stratégique du Moyen-Orient. Politique agressive des mollahs qui préfigure, sans nul doute, leur ambition de voir des vecteurs plus sophistiqués étendre le rayon d’action de leurs futurs ogives nucléaires vers l’Europe.

Risque pris très au sérieux par Mohamed Elbaradeï, prix Nobel de la Paix 2005 et directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui, au cours d’un interview accordé au journal Newsweek, a affiché ses fortes suspicions quant au programme pacifique iranien malgré trois années d’intensives vérifications sur le terrain. Défiance totale envers le régime de la république islamique qui l’a contraint de préciser son refus d’être abusé et son rappel de l’utilisation de la force dans le cas où la diplomatie viendrait à échouer.

L’intention iranienne étant établie ainsi de façon quasi certaine, la Troïka UE-3 (la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne) a, enfin pourrait on dire, pris la décision de demander la convocation d’une réunion extraordinaire du Conseil des 35 Gouverneurs de l’AIEA les 2 et 3 février prochains, afin qu’ils se prononcent sur une saisine du Conseil de Sécurité, seul organisme habilité à imposer des sanctions politiques, économiques et/ou militaires. Sanctions qui seront jugées comme humiliations et atteintes à l’idéologie islamiste, et qui provoqueront, à n’en pas douter, l’ire des mollahs malgré leurs postures actuelles contraires affichant sereinement la menace du rôle essentiel de leur pays dans l’approvisionnement mondial du pétrole et la fixation de son prix. Ce qui s’avère être plutôt une fiction si l’on en croit le peu de réactions à la hausse des marchés pétroliers, suite à leurs dernières déclarations provocatrices, mais aussi la décision de l’OPEP d’une recherche de l’adéquation entre l’offre et la demande mondiale. Ce qui peut être considéré comme une certaine confirmation de leur isolement international sur le sujet.

Le régime iranien va t-il, en conséquences, changer de cap et se résoudre à une capitulation face à ce qu’il nomme « les Juifs et les croisés » et ainsi autoriser une fin pitoyable du projet de l’Ayatollah Khomeyni ? A savoir, l’exportation de la révolution islamique à l’ensemble des pays de la communauté musulmane pour ainsi permettre à l’Islam de diriger le monde. On peut à juste titre en douter. Mais affirmer, par ailleurs, que l’Iran peut se permettre de se mettre à dos les puissances militaires et économiques de la planète est irréfléchis. Tout au moins, tant que Les USA, l’Europe, la Chine et la Russie seront unis sur ce dossier et son traitement. Ce qui aura pour conséquences de voir la mollacratie accepter, après moult contorsions, l’offre de la Russie sur l’enrichissement de l’uranium. Option qui éloignera, certes, l’échéance d’une maîtrise parfaite et complète de la filière nucléaire, mais qui n’empêchera en rien l’acquisition de la matière hautement enrichie par des voies détournées, singulièrement dans le bloc de l’ex-URSS, pays gangrené par les trafics d’armes en tous genres. Supposition attestée par le comportement passé du gouvernement iranien et qui fait craindre que tous les moyens seront employés pour parvenir à cette fin et disposer, finalement, de l’arsenal nucléaire islamique.

En attendant ce triste moment pour l’humanité, les délires négationnistes concernant la Shoah, la délégitimation de l’état d’Israël et les responsabilités européennes dans les souffrances de leurs ‘’frères palestiniens’’ continueront d’être livrés aux masses frustrées de la Oumma afin de maintenir intacte leur leadership et l’espoir Khomeyniste d’un monde musulman. Quant à la paix entre Israéliens et ‘’Palestiniens’’, la République islamique n’y est absolument pas prête.

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