dimanche 13 juin 2004

Triste bibliographie chiraquienne

La semaine écoulée nous a instruite quant aux relations internationales françaises, et donc chiraquiennes, mais aussi sur les éditoriaux des nombreux médias aux ‘’ordres’’ élyséens qui ont, malgré eux, rempli leurs devoirs d’informations à l’endroit de ceux qui savent lire entre les lignes.

Ainsi, les reportages des cérémonies du 60éme anniversaire du Jour J ont dévoilé l’accolade publique du Chancelier Allemand et du Président Français, alors qu’au même moment le discours du représentant élu de la nation, ayant permis dès Juin 1944 ces retrouvailles amicales, était placé -nous dit on- sous ‘’surveillance’’, des fois qu’il amalgamerait abusivement la libération des Irakiens avec celle des Européens….

Puis s’étalèrent les articles relatifs au vote de la résolution du Conseil de sécurité onusien concernant la passation du pouvoir étatique aux Irakiens le 30 juin prochain, et consacrant -de ce fait- la libération définitive du pays et la fin du régime despotique de Saddam Hussein. Décision adoptée à l’unanimité des quinze membres grâce aux « concessions » américaines obtenues, paraît il, par la ‘’fermeté’’ française opposée à « l’unilatéralisme US ». Cocorico. Sauf qu’une démocratie, respectueuse des principes qui la régit, tient compte des avis contraires exprimés pour, ainsi, rassembler le maximum de gouvernements autour de ses projets de résolution internationale. Le Président US nous a donc rassuré quant à son sens de la démocratie et le Président Français sur son incapacité à freiner la progression mondiale de cette dernière.

Vinrent ensuite, les exposés en provenance du sommet du G8 qui nous ‘’informèrent de l'obstination’’ de Georges W. Bush à espérer un désendettement total de l'Irak, une aide précieuse de l’Otan pour stabiliser ce pays et l’espoir de véritables réformes ainsi que l’envoi de « missionnaires de la démocratie » au Moyen Orient comme les a nommé Jacques Chirac, premier et véritable adversaire de toutes ces propositions US.

Opposant dont il convient, de plus en plus, de s'émouvoir des conséquences produites par tous ses actes politiques effectués au nom de la France.

Etait il alors dans le cadre de sa mission présidentielle lors de son unique déplacement en Israël en 1996, lorsque -seul de tous les invités de ce pays au fil des ans- il se comporta comme un goujat en s’en prenant en mondovision à un policier chargé de sa sécurité ? N’y avait il aucune autre façon diplomatique et protocolaire de freiner ‘’l’ardeur’’ de cet exécutant et éviter ainsi de s’en prendre indirectement à la seule démocratie du coin et obtenir des excuses formelles et humiliantes du Premier ministre israélien alors en place ? Excepté à souhaiter démontrer à certains pays arabes voisins, son peu de respect -voire son mépris- envers ce pays, il est évident que Jacques Chirac connaissait la conduite courtoise et obligée à tenir en pareille occasion.

Etait il toujours dans le cadre de son mandat élyséen en l’an 2000, lorsqu’il présenta -seul parmi les élus de toutes les démocraties à travers la planète- l’hommage de la France à la Syrie pour cause de disparition de son dictateur Hafez al Assad ? Despote qui, entre autre, assassina plusieurs milliers de ses concitoyens, entrava toute liberté de pensée, rêva de l’éradication du seul pays juif et concrétisa son ambition d’occuper le Liban. Un tel hommage -installé face au refus chiraquien de s’incliner devant la dépouille du 40éme Président américain Ronald Reggan qui ,de par sa politique internationale, contribua activement à la chute du communisme et à la libération de centaines de millions d’individus de par le monde- restera comme une insulte aux électeurs français épris des Droits de l’Homme.

En 2003, il se fit cette fois-ci le chantre du Droit onusien en s’opposant catégoriquement à la destitution du dictateur irakien en menaçant d’utiliser le veto français si une majorité au Conseil de Sécurité se précisait. Majorité que son Ministre des Affaires étrangères D. de Villepin se dépêcha de contrer en se transformant en marathonien de la diplomatie internationale.Ce qui permit à d’aucuns d’affirmer, ou pour le moins de soupçonner, une complicité mercantile au plus haut niveau avec ce régime qui se maintenait au pouvoir par la seule force de sa cruauté et qui commit crimes contre l’humanité et crimes de guerres sans se soucier de l’opinion mondiale et de ses règles. Toutes choses pourtant sévèrement reprochées au Président US par le locataire de l’Elysée.

Et pour clore ce petit rappel indigeste, rappelons que Jacques Chirac délègue une fois de plus son Ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, à Ramallah pour réaffirmer le 29 Juin prochain -lors d’un dîner à la Moukata- la ‘’légitimité’’ du Raïs Yasser Arafat, démocratiquement élu (à vie comme tous les tyrans qui se respectent). Ceci, alors que l’Egypte s’évertue à le déchoir de toutes ses prérogatives au profit du Premier ministre Ahmed Quoreï et aux seules fins de la concrétisation des obligations ‘’palestiniennes’’ de la « Carte routière », ayant comme objectif la fin du conflit israélo-arabe.

Ajoutez à ces quatre faits, déjà suffisamment déshonorants pour toute démocratie digne de ce nom et de son rang, la vente de la centrale nucléaire Osirak en 1975 au potentat irakien par l’actuel Président Français, alors Premier ministre de Valery Giscard d’Estaing, et vous soulèverez quelques interrogations quant aux choix et priorités internationales de l’occupant actuel de l’Elysée, jamais cependant condamnés par l’opposition socialiste.

Ce qui devrait, sans conteste, interpeller tout démocrate au sujet de la politique étrangère française, véritable « domaine réservé » du Chef de l’Etat, et de l'impuissance des institutions parlementaires à débattre démocratiquement des relations et commerces à établir avec le reste de la planète.

De par ces médias aux ‘’ordres’’ et les actes politiques de Jacques Chirac, c’est à se demander si la France est encore une démocratie.

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