lundi 15 novembre 2004

Le "poison" français

« Ce n'est pas parce que les analyses n'ont rien montré que Yasser Arafat n'a pas été empoisonné. Cela reste mon intime conviction et cela restera attaché à sa légende » a déclaré sur LCI Leila Shahid, la porte-parole de l’Autorité palestinienne en France, après avoir auparavant diffusé cette rumeur sur Europe 1.

Et à contrario, ce ne n’est pas parce qu’il aurait été empoisonné, qu’Israël est d’office LE coupable. Cette logique implacable n’est pourtant pas prise en compte par celle qui est déterminée, coûte que coûte, à transformer en ‘’vérité’’ cette médisance et à participer à la construction de la légende de son maître, décédé comme un quidam quelconque d’une maladie grave, voire honteuse et donc inavouable pour la culture musulmane.

Ainsi, est repris publiquement dans le pays des Droits de l’Homme le cliché antisémite du Juif empoisonneur (à défaut de puits) d’un ‘’chef d’état’’ tout juste auréolé des honneurs militaires français. Stéréotype ayant exacerbé, maintes fois dans le passé, les haines anti-juives en France et de par le monde, et ainsi ‘’justifié’’ les exactions commises en son nom.

Si d’aucuns nous assureraient cependant avec raison, que la dame n’est pas à son premier mensonge, d’autres s’inquiéteront à juste titre du silence éloquent des autorités françaises. Silences du Premier Ministre, du Ministre des Affaires Etrangères et de la Ministre de la Défense qui entretiennent, ‘’couverts’’ par le secret médical, ces ragots dangereux à la fois à la paix civile entre les diverses communautés françaises mais aussi au processus de paix au Proche-orient.

Rumeurs que le Quai d’Orsay, par le point de presse de son porte-parole, ‘’consolide’’ par ses réserves : « Le secret médical continue de s'imposer et je n'ai rien à ajouter » (sic).

Les médias français, non plus, n’ont apparemment -à l’heure où sont écrites ces lignes- rien à ajouter sur ce dossier. On aurait pourtant aimé les voir s’investir sérieusement dans la recherche de l’information confirmant ou infirmant l’accusation de meurtre du Raïs. On aurait aimé, dans le doute, les voir s’élever contre ces accusations et fermer leur porte à la propagandiste ‘’palestinienne’’. On aurait, parallèlement, tout autant souhaité lire ou entendre leurs explications quant à la nécessité prépondérante du Premier ministre Israélien, Ariel Sharon, de se séparer, soudain, de ‘’l’alibi’’ Yasser Arafat, l’obligeant ainsi à négocier la création d’un état ‘’palestinien’’ qu’il était censé, selon tous les ‘’spécialistes’’, combattre.

Bref ! A l’heure où France 2 nous dépeint à l’antenne un peuple juif ‘’méprisable’’, de surcroît gouverné par un être ‘’amoral’’, sans que pour autant le politique intervienne et sanctionne sa direction, il est des questions qui n’ont plus besoin de réponses.

Certains mutismes nous en disent beaucoup plus sur ce ‘’poison’’ qui ronge profondément la société chiraquienne.

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