Ce papier aurait pu s’intituler « Incident
personnel ». Après l’écriture d’un article, je l’expédie en règle
générale à un carnet d’adresses emails glanées par ci par là. Certains me
demandent de les désinscrire poliment, avec humour, mépris ou insultes. La
désinscription se fait aussitôt et quasiment sans suite. D’autres me le
demandent avec haine. Celle que l’on retrouve dans les faits et gestes des
antisémites qui se couvrent du paravent de l’antisionisme et installent leur
combat dans le ‘’pro-palestianisme’’.
L’échange que je reproduis
ci-dessous est caractéristique de ce fait. Mon interlocuteur, dénommé pour l’occasion
Mr Dupont, est de surcroît, selon ses dires, ‘’humanitaire’’ mandaté par
« la commission européenne » et a « pour mission d’apporter
une aide d’urgence aux populations de Gaza et de Cisjordanie qui sont privées
de leur droit élémentaire à vivre dans le respect et la dignité ».
Tout un programme donc !
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« Cher Monsieur,
Etant acteur humanitaire en
territoire occupé depuis xxx ans et ayant été le témoin permanent des
conséquences violentes et dramatiques de l’occupation israélienne en
Cisjordanie, à Gaza, et à Jérusalem, je vous remercierai de bien vouloir
supprimer mon adresse mail de votre liste. Je ne tiens pas à être le lecteur de
votre prose.
Cordialement,
Mr Dupont ».
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On appréciera tout
particulièrement les qualificatifs employés. Mis en parallèle avec ce qui se
passe actuellement en Syrie par exemple chacun se rendra compte que l’opinion
de cet interlocuteur est bien arrêtée.
Mais ce n’est que le début.
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Ma réponse :
« Mr Dupont,
Je comprends parfaitement que ma
prose puisse déranger vos certitudes acquises sur le terrain. Comme celle par
exemple que les « palestiniens » sont un peuple depuis si longtemps que
chacun a oublié son passé voire même les frontières de leur pays la «
Palestine » que le peuple juif usurpateur à occupé suite à son intention de
s’agrandir en 1967.
Je ne vous parlerai point de la
troisième ville sainte de l’Islam transformée pour l’occasion en lieu saint du
Judaïsme par ces même « colonisateurs ».
Je resterai donc sur cette
déception de ne pas être arrivé à vous faire mordre à ma propagande.
Ceci dit, désireux de respecter
votre sage décision, je ne trouve pas votre émail dans ma liste de contact.
Merci de m’indiquer sur quel émail vous recevez ma propagande afin que je cesse
de vous perturber.
Très cordialement
Victor PEREZ »
Son deuxième commentaire :
« Cher Monsieur,
Je ne rentrerai pas dans la
sémantique qui est la vôtre. J’ai 2 décennies d’expérience de terrain en
situation de guerre, au Burundi, au Darfour, en Somalie, et ce que j’ai pu y
voir n’a rien de comparable avec ce qui m’est donné de voir dans ce
conflit israélo-palestinien. Car ce qui ne m’étonne pas d’une dictature
africaine me consterne lorsque la culture de la violence et de l’impunité
qui l’accompagne émerge d’un peuple martyrisé par son histoire. Nier
l’existence même de l’histoire des Palestiniens n’aidera pas mieux à la
reconnaissance de l’histoire des israéliens. Je témoigne chaque jour de ce que
le régime d’occupation israélien entraine de souffrance et d’injustice.
J’ai moi-même été victime de l’agression d’un juif orthodoxe à Hébron,
je suis tous les jours pris à parti aux check points par des soldats
israéliens, parfois français, et ce sont toutes mes certitudes sur la
respectabilité et le pacifisme de cette religion mère que se sont à présent
effondrées. Je respecte le droit de tout à chacun à vivre en paix, en toute
égalité et en toute légalité, et mon travail consiste à rester loin de vos
prises de position politiques et idéologiques. Avec le soutien du gouvernement
français et de la commission européenne, nous avons pour mission d’apporter une
aide d’urgence aux populations de Gaza et de Cisjordanie qui sont privées
de leur droit élémentaire à vivre dans le respect et la dignité. Vous pouvez
appeler cela propagande, mais les preuves filmées des violences dites «
légitimes » commises par le régime que vous soutenez suffiront à instruire un
bon nombre de cas de crimes de guerre devant la Cour Pénale Internationale dont
Israël n’a pas voulu ratifié les statuts, estimant que le déplacement forcé
de population ne pouvait être considéré comme un crime. Plutôt étrange de la
part d’un peuple dont le plus grand martyr fut d’être déporté et spolié de ses
biens. Les faits font l’histoire bien plus que les démonstrations théoriques et
politiques visant à justifier leur violence. Vous m’excuserez donc de ne me
concentrer que sur ces faits-là, que leurs auteurs soient israéliens ou
palestiniens, d’en témoigner objectivement, de les documenter de façon
académique, et de rester très éloigné de ces rhétoriques intellectuelles
qui disparaîtront avec leurs auteurs.
Mon email est xxxxxxxxxxxx
Vous remerciant par avance de
votre compréhension,
Cordialement,
M. Dupont ».
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Qui aurait cru, si l’on suit cet ‘’humanitaire’’,
que le sort des déplacés du Darfour, lesquels ont subi -selon la Commission
d’enquête de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur les violations des
droits de l’homme perpétrées au Soudan- des crimes contre l’humanité, étaient
plus enviable que celui des ‘’palestiniens’’ ?
Qui aurait cru que la « culture
de la violence et de l’impunité » d’Israël était telle qu’elle
rendrait par effet de miroir le président du Soudan Omar al-Bashir moins
criminel de guerre recherché et donc plus sympathique ?
Une échelle de valeurs qui lui a
permis d’être ébranlé par cette ‘’culture’’, retirant ainsi à ses yeux l’estime
qu’il portait auparavant (mais de cela nul n’en est sûr) envers la religion
juive. Ce qui ne l’empêche nullement de demeurer ‘’objectif’’ et d’en témoigner
de ‘’façon académique’’. Comme le démontre la suite de notre échange.
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